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30 août 2009 7 30 /08 /août /2009 19:26








Le G.B. T. s'achève avec le retour à la case départ : Lambaréné






                                                                                                                                                                               
Mais il nous reste l'incontournable ballade sur l'Ogoué et les lacs qui jusqu'à Port- Gentil forment un delta où l'eau et la forêt se confondent en une inextricable pallette scintillante.

La mission Ngomo est la première étape avec son village environnant. Le Gabon et particulièrement les fleuves ont été ponctués de missions catholiques et protestantes à une époque où les missionnaires accompagnaient les explorateurs et les commerçants dans leur aventure coloniale. Bon nombre sont actuellement à l'abandon mais les plus célèbres survivent tant bien que mal : Sindara - Ngomo- Ste Anne.

 


                                     Je retrouve Ngomo 20 ans plus tard avec ma fille.




















Nous poursuivons pour traverser l'immense lac Onangué. De petits îlots émergent de cet entrelac, des villages de pêcheurs suspendent le temps, des " sans-nom", gros poissons d'eau douce font bouilonner l'eau par endroits et nous arrivons au quai d'une exploitation forestière, accueillis par des vols de perroquets du Gabon.











                  La barge est pleine. Elle partira peut-être demain.



























Il est difficile d'apprécier le bénéfice que représente la ressource sylvicole et les dégâts écologiques que son exploitation entraîne mais sans angélisme et sans leçon à donner, sans meilleure gestion de cette ressource ( reboisement - respect des permis d'abattage ) les sols se dégraderont, la biodiversité en souffrira et le fleuve perdra sa mémoire.
















































Le lac Evaro, autre étape qui accueille sur une île un petit hôtel- restaurant que j'avais connu autrefois. L'hotel a été vendu, reconstruit en matériaux plus modernes, puis abandonnés depuis quelques années. L'endroit garde sa magie malgré la désolation des batiments.



















La boucle est bouclée qui restera dans les annales de l'histoire comme la première édition du Gabon Belote Tour.
Valentine et Philippe retourne dans notre chère région du nord.
Nous avons gravés de grands moments ensemble.
Ninon se plaît à l'hôpital Schweitzer et décide de rester un mois de plus.

Comme l'aurait dit Jean- Lariam, célèbre philosophe et humoriste du XX ème siècle, " Mieux ç'aurait été trop ! "

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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 16:06




            G.B.T. suite .....



MAYUMBA

 

Ce nom est resté mythique pour moi depuis qu'on m'en avait parlé à l'époque comme d'un endroit difficilement accessible ( ce qui suffit à éveiller ma curiosité ) mais d'une beauté somptueuse.

 






L'arrivée sur la lagune et la traversée par le bac initient à ce petit bout du monde.

 







Mais Mayumba est une ville désertée, nous nous en apercevrons dès la descente du bac, maisons abandonnées, quelques commerces habituels tenus par des africains de l'ouest ( souvent maliens ou mauritaniens et musulmans donc pas de bières chez eux), probablements d'anciennes villas de cadres pétroliers lorsque Mayumba a connu ses heures de gloire, un aéroport et un grand hôtel en friche, une ambiance de west-end.

Nous chercherons longtemps la piste qui mène au parc national de Mayumba et quand enfin nous l'aurons trouvée, elle se révèlera extrèmement sablonneuse et je connaîtrai mon premier enlisement depuis la Mauritanie dans un sable très fin. Il suffit de dégonfler au maximum et ça repart. Nous n'aurons que l'embarras du choix pour le bivouac, seuls dans la savane entre lagune et mer.

 




                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          Mais le parc est encore loin et nous avançons lentement et le lendemain après une baignade dans l'océan on decide de rebrousser chemin car mon autre objectif est d'atteindre Sette cama par la piste mais jene sais pas si c'est vraiment réalisable et combien de temps çela nous prendra. Il faut reprendre la direction de Tchibanga et au PK 30 à Panga trouver une petite piste à gauche qui devrait nous y mener.







Au bout de 15 kms, la route s'arrête devant un pont en construction mais un petit bac manuel nous permettra de traverser la rivière. Deux ouvriers du pont feront la manoeuvre, une grosse corde d'un côté servant à la traction du bac, une "ligne de vie" de l'autre côté assurant la direction. Au retour, nous exécuterons l'opération nous même qui restera un souvenir épique de notre aventure.

 

La nuit est déjà tombée et nous organisons le bivouac à la hâte, nous mettant à l'écart des traces de passage d'éléphants afin d'éviter tout réveil nocturne intempestif.

 

Après une nuit calme, nous repartons. Le paysage est magnifique. On entend le bruit des vagues derrière l'étroite forêt qui borde l'océan, on déchiffre les pistes de sable  dans cette savane sèche qui longe sur notre droite le parc de Moukalaba.  










Un autre pick-up land cruiser conduit par un burkinabé qui trafique par là nous propose de le suivre pour éviter les pièges de cette piste encore humide par endroits où l'on s'enfonce dans du sable très fin à d'autres.

 












Un nouveau bras du fleuve nous arrête. Deux voitures peuvent s'y coller en tout et pour tout. Mais la traversée n'est pas directe et nous effectuons notre première croisière motorisée propulsée par un poussif moteur de 40 CV. Sur les rives, papyrus et palétuviers alternent avec la forêt. On nous remet des gilets de sauvetage qui ne ne gâcheront pas l'immense plaisir du parcours. Vingt minutes plus tard, nous accostons à côté d'un porte-container à Mayonami, quelques cases et port d'embarquement de SHELL qui a tracé une magnifique route goudronnée de 50 kms, incongrue dans ce paysage, jusqu'à Gamba qui est LA cité SHELL.






Comme ailleurs, le pétrolier a redessiné l'environnement, pistes, petite ville où s'empressent commerçants et travailleurs venus de tous les pays d'Afrique, cité résidentielle des cadres à l'écart, oléoducs sillonant la savane.

 

Nous continuons, laissant derrière nous les champs pétroliers. La piste est à nouveau difficile et sablonneuse mais encore plus sauvage et plus belle. Après plusieurs tentatives, on trouve enfin une éclaircie dans la petite bande forestière et l'on s'arrête sur une petite clairière de sable, à la lisière  des palmiers. La mer est toute proche.

 



Je menais une vie agréable. Mais dans ses moments de faiblesse, elle hésitait entre une morne quiétude et une résignation consentie. Le temps passait alors sans moi sans que je n’imprime mes pas dans l’instant. Sur la plage de Sette Cama, les empreintes de mes pas croisaient celles d’un buffle qui était récemment passé par là, d’un singe – chimpanzé ou torcatus ? – d’un éléphant qui se dirigeait vers l’eau, d’oiseaux multiples.















Dans la lumière diaphane du coucher du soleil diffusée par les embruns, le sous-bois de notre campement prenait des teintes ocres, dans une espèce de décor anglais presque dramatique de branches cassées, d’arbustes tordus, d’ombres et de contre-jour. Les cris des perroquets emplissaient l’air de leurs notes discordantes et l’on pouvait les voir se chamailler dans les feuilages.



 

                                                    .

 


                                              Jamais bivouac ne fut plus harmonieux.


















                                      


                                     Et la juste et rare coïncidence de l’être et de l’instant atteignit des accents lyriques quand, le bivouac installé, à la tombée du jour, fraîchement posés dans nos fauteuils ou sur la natte, un troupeau de sept éléphants défila en file indienne pour nous en bord de plage, la maman en tête suivie de deux petits puis de deux ados plus inquiets et enfin de deux autres adultes fermant la marche. Nous nous tûmes instantanément, pour écouter, nous gorger de cette vision mais aussi pour ne pas les perturber, circonspects sur la direction que prendrait le troupeau. Enfin il disparut dans la pénombre et les feuillages.



 

Nous restâmes longtemps autour du feu ce soir là.

 





 

 

 

 

 

 

 

 




Sette Cama est un terminus, une longue bande de sable qu’un nouveau fleuve interrompt.

En voulant insister comme à mon habitude pour aller voir le plus loin possible, je finis par m’ensabler sur la plage. Les deux lodges sont fermés ( pour les vacances). Nous faisons halte au campement des eaux et forêts où l’on négocie une ballade en pirogue et un tour en forêt pour le lendemain.

 





Hippos dans la rivière, éléphant traversant la lagune, singes dans les arbres dont une maman chimpanzé et son petit, cette journée sera un enchantement.

 

















































































Après une dernière nuit dans notre bivouac de rêve, nous refaisons le trajet en sens inverse avec ses mémorables traversées en bac et ses pistes de sable fin.











                                                                                     Merci Sette Cama.

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14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 17:02

                                                                                                                                                                                    Le G.B.T. se poursuit vers le sud, direction Koulamoutou en traversant la forêt des abeilles.

 




Le Gabon étant un pays peu peuplé et une grande partie de la population étant regroupée sur Libreville, Port-gentil et Franceville, de vastes étendues de forêts et de savanes sont désertes et les bivouacs le soir sont faciles à trouver.

Bivouac dans la forêt, attention aux fourous.

 



































De Koulamoutou, nous voulons rejoindre Mimongo puis Lémamba. Mais je me fourvoie - suite à de mauvaises indications- dans le dédale des pistes. La piste que nous prenons se rétrécit au point de ne devenir à un moment donné qu'un large sentier creusé de ravines alternant avec des bourbiers. A 20 kms/heure de moyenne nous errerons pendant six heures dans les monts Chaillu sur des pistes impossibles. Mais nous prendrons conscience de l'immensité de la forêt, de son impénétrabilité en extrapolant les mêmes pistes en saison des pluies, et de l'isolement de certains villages à plusieurs heures du moindre poste de santé et très loin de tout hopital. Le bwiti, rite initiatique gabonais, est né dans cette région et une nuit dans la forêt permet de comprendre la préséance de forces obscures et les secours magiques et rituels auxquels s'adonnent ces populations seules face à l'imposante oppression de la nature.

 



























A un des nombreux carrefours, je m'arrête pour demander la direction à prendre pour Lébamba. Je voudrais vister l'hôpital de Bongolo, tenu par des américains et dont on m'a parlé plusieurs fois.

Pendant qu'un passant me répond, un autre arrive en courant : " On a une urgence, un malade très grave, il faut l'emmener à l'hôpital."

La nuit va bientot tomber et je n'aime pas rouler de nuit et faire 100 kms avec un malade à l'arrière avec les deux filles ne m'enchante pas. Je vais voir. Un garçon de 14 ans gît dans un camion qui l'a ramené du village. Il fait beaucoup moins que son âge, chétif et tout maigre. Il est inconscient, de la bave aux lèvres.

" Il a convulsé plusieurs fois aujourd'hui, il a beaucoup de fièvre, il tousse beaucoup et il a craché du sang".

C'est mal parti. Je l'examine sommairement. Il va mourir si je ne l'emmène pas à l'hopital, mais il va peut-être aussi mourir au cours du transport et de toutes façons, dans son état, même à l'hopital ses chances de       survie sont très faibles.

" Il est comme ça depuis quand ? il tousse depuis longtemps?"

Le père et la mère ont du mal a s'exprimer en français, c'est celui qui m'a interpellé qui répond /

" Il aurait eu la tuberculose en étant petit mais il a toujours toussé depuis"

Les gens me pressent maintenant, ils ont compris que j'étais médecin : " Docteur, il faut l'emmener à l'hôpital".

 






Bon on y va. Valentine et Ninon viennent sur le siège passager avant, on installe le gamin allongé à l'arrière avec son père et sa mère de chaque côté et Philippe qui se cale tant bien que mal contre la porte arrière.

Direction Bongolo.

 











Très rapidement la piste de dégrade et de nouveau des ravines et des ornières entravent notre progression. Il est plus de 18 heures maintenant et le crépuscule s'installe. C'est pas possible, à cette allure on y arrivera pas avant onze heures-minuit. J'entends derrière moi la respiaration rauque, rapide et saccadée de l'enfant. Au moins il respire.

Philippe me demande soudain de m'arrêter. Avec les secousses et les bonds de la voiture, le gamin a glissé vers l'arrière, il faut le remonter.

 




Je me demande si j'ai pris la bonne décision. A chaque instant, je guette sa respiration. Plusieurs fois on devra s'arrêter pour le réinstaller. A chaque fois j'ai une petite angoisse en allumant le plafonnier. Et puis s'il est vraiment tuberculeux comme il semble l'être, je risque de contaminer les filles avec un bacille peut-être multirésistant.

J'ai l'habitude de soigner des tuberculeux à l'hôpital Schweitzer et excepté ces cas de personnes qui ont arrêté, puis repris des traitements et qui développent des résistances, la maladie se soigne bien en six mois.

Mais j'ai aussi conscience des risques de contagion possible et si je mesure les chances de survie de ce pauvre garçon avec le risque modéré mais réel de contamination de ceux qui m'entourent, je me pose des questions.

La route est longue.

Enfin la piste s'améliore très nettement et je peux accélérer.

 

 

 

Nous arrivons à Bongolo vers 20H30. Cela fait un moment que je ne l'entends plus respirer. On nous dirige vers les urgences. Je rallume. Il respire toujours, faiblement, mais il respire. J'informe le médecin de garde de son état, m'assure discrètement qu'il est bien pris en charge, puis nous nous dirigeons vers la case de passage qu'on nous a proposée.

Les américains font bien les choses. L’appartement qu’ils nous ont attribué est plus que confortable et nous apprécions la douche et le luxe d’une cuisine équipée, le bon matelas et la véranda avec moustiquaire.






Le lendemain, je croise vers midi la médecin américaine qui s’est occupée de notre patient cette nuit. Après lui avoir attribué tous les soins nécessaires, son état ne s’est guère amélioré. S’il avait passé les trois ou quatre premiers jours à l’hôpital, peut-être avait-il une petite chance de s’en sortir mais ramener un cadavre de l’hôpital au village coûte entre 200000 et 400000 CFA alors qu’un taxi pour quelqu’un encore en vie beaucoup moins cher.


Ils sont partis tôt ce matin.

Son état était trop grave.

Nos arguments trop faibles.

L’hypothèse d’une guérison trop ténue.

Le corbillard trop cher.

Notre volonté de bien faire impuissante face au réalisme de leur résignation.


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9 août 2009 7 09 /08 /août /2009 12:14

14 juillet 2009

 





Ninon dans le rôle de princesse crassounette,

Valentine dans celui de Momone

et Philippe alias Jean-Lariam

sont bien arrivés à destination.








Après la présentation du décor pendant trois jours, nous allons fêter à notre manière notre fête nationale en lançant la première édition du premier GABON BELOTE TOUR. ( un sursaut de lucidité nous a fait éviter le poker).


La première étape de notre périple nous conduira au parc de la Lopé, célèbre pour sa population de mandrills.

On apprendra très vite que si la saison sèche est fort agréable pour son climat, presque frais le soir, et une moindre infestation de moustiques, elle est beaucoup moins favorable à l'observation des animaux contrairement aux safaris de savane où les animaux se regroupent pendant cette période autour des points d'eau existants. En forêt, les animaux se déplacent en fonction de la fructification des arbres et il est donc plus facile de les voir quand les fruits sont en abondance partout. Nous verrons peu d'animaux à la Lopé, deux buffles et les singes "habituels" : nez-blanc, mustac, cercopithèques ....

                                                                                                                      Petite crevaison nocturne dans le parc de la LOPE






                                                                                                                                                                                                                                          Le paysage est cependant très joli et nous découvrons ces savanes vallonnées parsemées de bosquets qui avec la forêt équatoriale constitue une des deux variantes principales du paysage gabonais.

Cette déception ( vision des animaux) sera compensé par le superbe bivouac, petite plage au bord de l'Ogoué, qui nous accueillera pendant trois nuits.














 



Le fleuve, à cette saison, découvre à Lambaréné ses bancs de sable, tâches jaunâtres sur l'incandescence de l'eau, plus ou moins grandes mais dont certaines obstruent par endroits la moitié du fleuve, d'autres dessinant de petits îlots contrariants l'obstination des courants. Chaque matin de ma terrasse, j'observe l'évolution des contours, journal géologique quotidien patiemment élaboré.









                                                                                                                                                                                                                                                     Un martin- pêcheur vient de se poser sur le citronnier dont les branches affleurent ma terrasse.

Je m'égare .....

 




La station de Mimongo, plus bas dans le parc, serait en train de mettre en place un programme d'habituation des gorilles. Après visite sur place,ce programme est suspendu faute de financements. Le site est toujours dédié aux scientifiques et biologistes du ZBL et accessoirement aux quelques touristes de passage.

Nous constaterons ainsi la deuxième constante du tourisme au Gabon : tout est très cher.

Nous laisserons donc tomber Mimongo et les chutes de Kongou ( près de Makokou) initialement prévus au programme.

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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 12:49

WAKA   26-27/06/09

 

Le président Bongo a décidé en 2002 la création de 13 parcs nationaux au Gabon après avoir écouté le récit de Mike FAY qui effectua un transect à travers le pays et lui rapporta l'extraordinaire diversité végétale et animale du pays et l'encouragea à mettre en oeuvre des mesures pour la protéger. Certains de ces parcs sont devenus célèbres comme la Lopé pour ses mandrills, Loango pour ses éléphants sur la plage, Mayumba pour sa lagune et ses sites de ponte de tortues luth.

D'autres sont beaucoup moins connus comme le parc de Waka :

" .... une des régions les plus mystérieuses à cause de la difficulté d'accès que constitue son sol appartenant à la partie la plus accidentée du massif du Chaillu, entre Fougamou et Mouila. La vallée de l'Ikobey représente un de ses atouts majeurs avec sa faille de 100 kilomètres de long au fond de laquelle coulent des eaux claires filtrées par le gravier de la rivière."

 





Il faut rejoindre Sindara, prendre la piste à gauche jusqu'au débarcadère. Le bac qui permet de traverser la Ngounié est sur l'autre rive. Marcus prendra une petite pirogue locale pour aller demander au capitaine de venir nous chercher.







Une heure et demi plus tard, nous sommes de l'autre côté et notre expédition peut commencer.

Trois heures de piste et nous rejoignons Ikobey, dernier point cité sur la carte.

Nous nous renseignons ensuite dans les villages pygmées ( il faut dire "Babongo" qui est moins péjoratif ) qui nous indiquent la direction jusqu'au dernier village Tchibanga. Un peu plus loin la piste se divise en deux :

à gauche elle continue jusqu'à Makoko en traversant d'autres villages pygmées ( qui sont maintenant largement mélangés avec les bantous), à droite direction Waka. La piste devient plus difficile et visiblement aucune voiture n'est passée par là depuis un moment.








 























Des ponts restaurés récemment nous permettent cependant de continuer mais il vaut mieux s'arrêter à chaque fois pour en vérifier la solidité et les gros trous qui les bordent. Nous hésitons sur la marche à suivre : on retourne à Tchibanga pour passer la nuit au village et faire une ballade le lendemain ou bien on continue pour aller dormir quelque part dans la forêt. On se donne encore une demi- heure et si on ne trouve rien, on fait demi-tour.

 

Quelques kilomètres plus loin un pont effondré entrave notre progression, impossible de passer. De l'autre côté s'étend ce qui semble être un ancien campement forestier. Deux africains gardent le lieu. Le parc commence en fait ici. Le campement est celui d'un ancien chantier forestier malaisien, abandonné en 2002 lors de la création du parc de Waka et repris par WCS qui gère le parc. Des baraquements sommaires mais corrects permettent d'y passer la nuit.






 







Nous ferons deux ballades dans la forêt, la première ce jour en fin d'après -midi, la seconde le lendemain matin en compagnie de Rodrigue et Romain les deux gardiens. Le soir ils nous préparent le dîner, riz et sardines. Des traces et des bouses d'éléphants sont présentes partout. Etant au fond d'une faille les possibilités de fuite sont limitées et je me suis demandé plusieurs fois où aller en cas de rencontres souhaitées mais peut-être inopportunes avec un de ces pachydermes. Nous les verrons ...pendant la nuit. Rodrigue nous avait prévenu qu'ils aimaient roder autour du campement pendant la nuit.

















A 23 heures, j'entends casser des branches. J'aperçois dans la pénombre un éléphant juste en face à trente mètres. Il disparaîtra dans la nuit. A deux heures du matin, un autre ( ou le même) viendra se frotter le cuir contre les murs du baraquement provoquant un mini tremblement de terre.

Les stigmates du passage des forestiers sont nombreux. Peu scrupuleux, ils n'épargnent aucun arbre de diamètre exploitable. Les arbres sont fins et la forêt primaire a complètement disparu. On peut espérer que le climat équatorial permettra la repousse des anciennes essences mais des décennies seront nécessaires avant de retrouver l'équilibre de la flore.

Mais la randonnée à travers la forêt reste un grand plaisir et l'on ressent la force de cette nature qui a la volonté de se régénérer. Fleurs, insectes, singes, oiseaux ( touracos magnifiques) conquièrent à nouveau le paysage. Nous avons le privilège d'assister à cette renaissance.

 

Midi, il est temps de partir car le bac nous attend pour 16 heures et il ne faut pas traîner.

Je démarre. Rien. Plus de batterie.

Rodrigue m'avait demandé la batterie hier pour démarrer le groupe électrogène et il a du forcé un peu.

Problème: comment démarrer un Toyota Land cruiser en pente à cinq mètres d'un précipice ?

réponse : il faut pousser.



A 13H30, épuisés, transpirants à grosses gouttes, après avoir déchargés au maximum la voiture, tentés une manoeuvre de traction avec le cric Hilift, nous avons gagnés une dizaine de mètres.

Il est temps de tenter le démarrage dans la pente sur les 15 mètres dont je dispose.

ça marche ! il me restait 1M50  de marge d'erreur.

 





Mais nous n’avons plus que 2H30 pour le chemin du retour. Je préviens mes camarades de jeux que je vais devoir rouler un peu vite. Jorn et Marcus à l'arrière goûteront au plafond et aux vitres de la voiture. Pour la première fois depuis mon départ de France, je vais faire décoller ( bien involontairement) les quatre roues du 4X4.

Nous arriverons à 16H30  et pourrons franchir le fleuve en même temps qu'un camion.

 



















 

 

 

 

 

 

 

 

 




J'arriverai à l'hôpital juste à temps pour reprendre ma garde du samedi soir. Un peu crotté, mais heureux

                                                                         



12/07/09
Ninon, Valentine et Philippe sont arrivés.
Nous partons demain pour 15 jours de voyage à travers le Gabon.

A bientôt ..........
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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 12:25

SINDARA                                                          















Ancienne mission catholique restaurée au bord de la Ngounié à une heure trente de Lambaréné en direction de Fougamou, elle reçoit des enfants en difficultés en internat provenant de toutes les régions du GABON .

Les premiers combats entre la France libre, représentée par Félix Eboué, gouverneur du Congo qui avait rallié le général de Gaulle  et les soldats de la France vichyste de Libreville s'y sont déroulés. On a du mal à s'imaginer qu'aussi loin de la métropole, au fin fond de la forêt équatoriale, des hommes soient venus s'y entretuer pour sauver la mère patrie. Sindara est une jolie mission construite à la fin du 19ème siècle avec l'aide de travailleurs qui n'avaient plus le nom d'esclaves  mais qui en avaient encore le statut. Car si le commerce transatlantique des esclaves a été aboli en 1848, les habitudes étant tenaces et le travail forcé de captifs d'autres tribus et ethnies ayant existé bien avant l'arrivée des européens, l'esclavage interne à l'Afrique persista encore pendant plusieurs décennies.

Le lieu respire la sérénité et pourtant le poids de son histoire est bien présent.


Un peu plus loin nous piqueniquons avec Zazie et Dominique, étudiants allemands de l'URM et Lise, étudiante américaine en stage dans le service de médecine à l'hôpital Schweitzer près de petites chutes au bord du fleuve.

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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 17:52

 

Me voici à l’hôpital Schweitzer depuis bientôt deux mois.

Le service de médecine où je travaille comprend une trentaine de lits. Deux médecins travaillent dans le service. Je remplacerai les deux successivement pendant les vacances d’été. Nous commençons le matin par le tour dans le service, visite des malades hospitalisés, puis chacun dans son bureau nous faisons des consultations pendant le reste de la matinée. L’après-midi nous revoyons les patients du matin à qui nous avons demandé des examens (biologie, radio) et effectuons des consultations pour les nouveaux arrivants. N’étant que deux, nous sommes de garde à tour de rôle la semaine et les week-ends. 

                                                                                                                                                                                                                  


          
                                                                                                                                                                        Le SIDA et la tuberculose font des ravages et nous hospitalisons quotidiennement de nouveaux cas. Avec Elisabeth, une étudiante américaine en fin d’études qui effectue un stage de trois mois à l’hôpital, nous ouvrons l’après-midi les enveloppes contenant le résultat des sérologies VIH demandées le matin. Cette loterie sordide nous remplit d’amertume et de perplexité. Deux enveloppes sur cinq reviennent avec un résultat positif aujourd’hui, c’est assez représentatif de ce que nous voyons chaque jour. Vient ensuite le temps de l’annonce au patient, moment éminemment difficile où après quelques phrases de préparation on explique la maladie, ses complications éventuelles, les examens de surveillance et le traitement qu’il faudra suivre à vie en cas d’immunodépression trop importante.

La recrudescence de tuberculose n’est pas liée au SIDA car nombreux sont les patients séronégatifs. Heureusement même si le traitement est lourd, il est encore efficace et ne dure que six mois s’il est bien suivi.

Le paludisme est également fréquent mais exceptionnellement grave chez les adultes et en deux ou trois jours de traitement, la fièvre baisse et le patient peut quitter le service. Elle peut durer plus longtemps, en particulier chez les chinois, nous en avons presque deux ou trois en permanence. Les chinois en quelques années ont envahi l’Afrique et pillent le bois de la forêt équatoriale, prospectent à tout va à coups d’explosifs à la recherche de pétrole et de minerais. On réalisera peut-être un jour les dégâts écologiques commis mais j’ai peur qu’il ne soit trop tard à ce moment là. Et l’occident qui s’est bien servi pendant des décennies est mal placé pour donner des leçons de morale et de savoir défricher aux pays émergents.

 

                    

 

Les malades et les maladies sont les témoins de la société qui les ont engendrés et à ce titre interrogent les soignants et devraient interroger les pouvoirs sur l’état de cette société. Mais ici comme ailleurs, le hiatus entre l’émergence de faits sociaux, la prise de conscience, l’analyse, et la réaction décisionnelle des sphères bureaucratiques  et politiques interpellent sur le fonctionnement et la cohérence de cette société.

Il y a vingt ans, il n’y avait pas (ou très peu) de SIDA, il y avait moins de tuberculeux, il n’y avait pas de chinois. Cela ne veut pas dire que c’était mieux avant, mais l’évolution que subi le Gabon et l’Afrique semble être une greffe monstrueuse qui pourrait épuiser son sol et son sang si elle continue dans le même sens.

 

 















L’hôpital dépend de la fondation Albert SCHWEITZER qui a des représentations partout en Europe et aux Etats-Unis. Il dispose de moyens corrects pour un hôpital de brousse mais largement inférieurs et insuffisants par rapport aux normes occidentales. C’est avec ces outils diagnostics et ces traitements limités que l’on tente de panser les plaies et de penser notre action thérapeutique. Un hôpital offert par les autrichiens a été construit à l’autre bout de Lambaréné, quasiment en brousse, au bout d’une piste défoncée et impraticable. Il attend depuis un an son ouverture. Deux gardiens veillent l’entrée. Il est paraît-il super équipé, mais aucun budget de fonctionnement ne semble avoir encore été mis en place et sous le climat équatorial, au bout d’un an, il y a fort à parier que nombres d’équipements seront inutilisables ou dégradés. J’aimerais qu’on me présente celui qui a signé le bon de commande …..

 

 

De par sa vocation cosmopolite, de nombreuses nations sont représentées à l’hôpital Schweitzer. Le personnel infirmier est en majorité gabonais mais Cora, espagnole, et Elisabeth, suisse, viennent en mission pour quelques mois. Les médecins résidents, gabonais mais aussi togolais, béninois cohabitent avec des expatriés venus pour quelques mois ou quelques années. Deux étudiantes américaines sont là pour trois mois. Quelques étudiants gabonais sont également en stage dans le secteur administratif.

 

 

 

L’URM, centre de recherches dépendant d’université allemande et autrichienne, accueille de nombreux médecins et étudiants venus d’Europe pour effectuer des études sur le paludisme ( vaccins, traitements) mais aussi sur d’autres pathologies tropicales ( ulcère de Buruli, etc). C’est ce centre, très moderne, qui nous permet la connexion internet dans sa bibliothèque.

Avec une partie d’entre eux nous allons voir ce soir la finale de ligue des champions Barcelone-Manchester dans un bar en « ville ». Nous sommes une bonne dizaine au milieu d’autres tablées gabonaises à encourager le Barça , notre bouteille de Régab à la main. La télévision est minuscule mais l’ambiance est là et si l’on a du mal à suivre le détail de toutes les actions, on se concentre sur notre assiette de bananes-brochettes et chacun y va de son commentaire. L’orage éclate, avec le son de la télé et le bruit de la pluie, le niveau sonore augmente. On parle anglais, allemand et parfois français. Le match est déjà fini depuis un bon moment, je ramène tout le monde dans mon taxi-brousse.

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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 23:12

11/06/09

Jour férié exceptionnel au Gabon.

Le président Omar BONGO qui gouvernait le pays depuis 1967 est mort officiellement lundi dans une clinique de Barcelone. Le corps doit être rapatrié aujourd'hui et le deuil a été décrété pour 30 jours.

Le pays vivait déjà au ralenti depuis quelques mois car on savait le président gravement malade. Maintenant il faut attendre la tenue de nouvelles élections dans les 45 jours pour connaître l'avenir du pays. La situation est calme pour l'instant et devrait le rester au moins à Lambaréné. La mutiplicité des ethnies au Gabon et particulièrement à Lambaréné, carrefour terrestre et fluvial, qui représente en temps normal un facteur de division et nécessite un savant dosage de représentation en vue de ménager les susceptibilités locales peut devenir une source de stabilité. Lorsque deux ethnies se partagent le pays, les rivalités de domination attisent les haines et les craintes comme au Rwanda par exemple. Quand le pays est morcelé, les alliances sont nécessaires pour diriger le pays et il semble que la cohabitation interethnique et internationale soit suffisamment consensuelle pour éviter tout dérapage vers un conflit civil. Maintenant le Gabon vit une situation inédite car " le vieux" qui a gouverné de De Gaulle à Sarkozy laisse son peuple dans l'expectative sans successeur désigné et il se dit que les convoitises familiales comme tout partage d'héritage risquent d'entraîner des tensions et que les tractations ont déjà commencé en coulisses.

 

16/06/09

Nouveau jour férié. Sarkozy et Chirac ont fait le déplacement.
J'ai eu l'occasion hier soir par hasard d'entendre à la télévision l'homélie d'un cardinal ou d'un évêque français, enfin d'un triste sire qui se fait appeler monseigneur, discours dégoulinant et visqueux, déshonorant pour toute une église complice et aveugle qui pêche excessivement par omission.

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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 21:57

                               Si l'âne est l'animal le plus dangereux d'Afrique, le coq en est le plus nuisible. Ceux qui ont eu suffisamment de courage ou trop de désoeuvrement pour suivre jusqu'à ce stade mes chroniques savent le sentiment trouble qui m'unit à ces deux animaux qui, du coq à l'âne, jalonnent mon parcours africain. Ayant déjà narré les vertus accidentogènes de l'équidé mentionné qui loin devant le paludisme, le terrorisme et le pessimisme représente le plus grand danger pour le voyageur en Afrique, je pensais arrivant dans ce havre de paix qu'est l'hôpital Schweitzer, avoir tel un soldat ayant échappé à un champ de mines antipersonnelles mérité un repos compensateur au milieu de ce cadre quiet de l'Ogoué. Las, si l'âne ne figure pas au tableau des espèces endémiques d'Afrique centrale, son compère gaulois autre fléau suicidaire des bitumes africains s'y est développé comme un coq en pattes.
  
 

En arrivant à l'hôpital Schweitzer, on pénètre d'abord dans l'espace du nouvel hôpital avec sur la gauche la lingerie, les bâtiments administratifs, les pavillons d'hospitalisation de médecine, de chirurgie, la maternité et la pédiatrie, et la polyclinique qui héberge le laboratoire, la pharmacie, la radiologie, les urgences et les consultations. Plus loin on arrive au laboratoire de recherche et aux logements des médecins, des stagiaires et de l'encadrement administratif et technique.

 

      





































































































































































































































   
   
Si l'on se dirige vers la droite à l'entrée, on passe devant des logements du personnel local, l'économat, la PMI, pour parvenir à l'ancien hôpital transformé en musée, en réfectoire, en chambres pour les touristes et en quelques logements locaux. L'ancien hôpital réhabilité languit au bord du fleuve qui sur sa berge accueille le petit cimetière de la famille Schweitzer et de quelques personnages émérites ayant marqué la vie de l'hôpital.

 

 

 

 A partir du  débarcadère en contrebas on peut embarquer pour une ballade sur le fleuve et les lacs ou une visite des dispensaires pour les infirmières de la PMI. De la table du réfectoire, c'est avec cette vision que je bois mon café tous les matins.

 

 

 

 

 













L'ensemble du site doit couvrir une dizaine hectares. On y trouve également une école, une crèche, d'autres bâtiments techniques et même un petit stade de football sur les hauteurs. Depuis le réfectoire, je peux rejoindre ma petite maison par un chemin de terre qui longe le fleuve, bordé de part et d'autre par un marécage luxuriant. Palmiers et cocotiers, hibiscus et bougainvilliers, manguiers et bananiers jalonnent cet espace qui se laisse bercer par une légère brise de fin d'après-midi. En saison des pluies d'extraordinaires couchers de soleil mêlant leurs teintes jaunes, orangées et pourpres baignent cet ensemble d'une luminosité incomparable.

 

 

    Mais, car il y a toujours un mai comme dirait Cohn-Bendit, dans ce cadre enchanteur l'ennemi veille ne se résolvant pas à laisser la perfection se répandre sur cet Eden. Je l'aperçois de ma fenêtre, dans son magnifique uniforme de campagne, galons aux épaules, fanfreluches sur la tête, décorations sur la poitrine. Il est sournois, s'infiltrant silencieusement sous les maisons, guettant sur les branches basses des arbres, se faufilant dans les herbes. Et puis il surgit sans prévenir, poussant son horrible cri de guerre à l'heure la plus inopportune, au réveil bien sûr où il vous lacère les tympans de ses tonalités discordantes mais surtout bien pire, à l'heure bénite entre toutes, celle de la sieste où après une matinée de travail bien remplie dans la chaude moiteur équatoriale de l'hôpital suivie d’un bon repas, vous aspirez à gésir paisiblement, la bave aux lèvres, sous le souffle bienfaiteur d'un ventilateur conciliant.

La tête déjà sur l'oreiller, le tulle de la moustiquaire ondulant régulièrement au rythme du déplacement d'air, vous abandonnez vos muscles et vos pensées à la magie rédemptrice de l'instant, sombrant nonchalamment dans une tendre apesanteur vitelline. Le monde se dilue, une vague lumière persiste encore derrière vos paupières, dans quelques secondes vous plongerez dans l'univers régénérateur d'un néant reptilien.

 

  

 

ET C'EST A CE MOMENT, fourbe, traître et démoniaque, qu'habilement dissimulé sous la fenêtre qui jouxte votre lit, il vrille soudain tout votre être de sonorités suraigües déraillantes qualifiées chez les chauvins ( je parle des individus au patriotisme exacerbé et non du patronyme du mari de ma soeur à qui je renouvelle tout mon respect et mon admiration car j'ai encore quelques services à lui demander) de « cocorico » bien que n'eusse jamais reconnu cette analyse syllabique dans ce hurlement intempestif. Pour la seconde fois de la journée cet animal dont l'existence peut se justifier à la rigueur sur un stade de rugby pour un match France-Angleterre du tournoi des six nations mais pas dans l'enceinte d'un hôpital de notoriété internationale et surtout pas sous mes fenêtres, vient vous gâcher l'harmonie d'une béatitude espérée. Tous les jurons de toutes les langues de la terre ne suffisent plus  à contenir votre rage et vous rêvez alors de carabine à plomb, de couette en plume de coq, de bombes à fragmentation, d'abattoirs à volailles, de coq au vin, de pare-choc assassin, de torsions cervicales, de guantanamo gallinacée et autres tourments que les morales républicaines et religieuses réprouvent en temps de paix mais qui peuvent trouver leur justification dans ces circonstances exceptionnelles. Car je ne fais que citer les deux moments les plus cruciaux de la journée où ce maudit volatile vient vous perturber l'existence mais il faut savoir que celui-ci, l'horloge biologique peut-être perturbée par sa position sur l'équateur et l'équitemporalité du jour et de la nuit, vocifère à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. De plus, il existe à l’intérieur de l’hôpital une évidente surpopulation de coqs par rapport aux poules et chacun s'emploie donc à déployer au maximum son organe vocal pour attirer l'attention et séduire les mères de leurs œufs ce qui entraîne des concerts d’invectives dissonantes à n’en plus finir.

 

Je m'en suis ouvert au directeur qui m'a promis de prendre en compte ce problème crucial pour la sérénité de l'hôpital et pour la santé mentale des soignants. J'ai trouvé cependant qu'il me regardait d'un drôle d'air pendant que je lui expliquais longuement la teneur de mon exacerbation et qu'il prenait beaucoup de notes tout en acquiesçant à mes propos. J’espère ainsi par mon action laisser une trace indélébile dans l’histoire de l’hôpital Schweitzer.

A la fin de notre entretien, il m’a chaleureusement serré la main tout en me demandant si à part j’allais bien, si je n’avais pas eu de traumatisme psychologique récent et si je me sentais bien à l’hôpital. Je lui ai répondu qu’à part ce problème tout allait pour le mieux tout en réajustant mon antenne hertzienne que j’avais laissée dans le porte-parapluie à l’entrée du bureau.

 

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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 17:34

01/05/09

Bonne fête.

 

Dès la sortie de Yaoundé débute la forêt équatoriale qui se prolongera jusqu'au Gabon. Les zones frontalières sont propices à la multiplication des contrôles routiers. Au Cameroun on peut se faire arrêter cinq fois successivement. La gendarmerie, la police, la douane, le contrôle forestier et la sécurité routière, ces derniers étant les pires car ils font tout pour vous trouvez une infraction quitte à en inventer si vous êtes absolument en règle et en définitive vous proposez "un arrangement". Heureusement ils ne sont pas armés et quand il n'y a pas de clous ( planche de bois plantée de clous posée en travers de la route), je ne m'arrête pas.

J'ai déjà évoqué l'importance de la corruption partout en Afrique mais particulièrement au Nigéria et au Cameroun où la demande du cadeau est quasi permanente.

Un contrôle ressemble à peu près à ceci:

- Bonjour, comment ça va ? gendarmerie nationale district de .. vos pièces s'il vous plaît ( les pièces sont les pièces d'identité).

Cette étape peut être facultative.

-          Bonjour, ça va bien. Les voici.

-          Bien, vous savez nous on est là pour assurer votre sécurité et veiller sur vous.

-          Je vous en remercie grandement.

-          Mais il fait très chaud et nous on reste là, on a soif.

-          Je comprends, c’est vrai qu’il fait très chaud.

-          On est donc là pour vous, pour que tout se passe bien et aussi vous souhaiter la bonne année      ( on est le 14 avril)

-          Bonne année à vous aussi et joyeux noël.

-          Alors qu’est-ce que vous avez pour nous

-          Tout mon respect et mes remerciements.

-          Rien à boire ?

-          De l’eau, je ne bois pas d’alcool.

-          Ah mais patron, c’est difficile tu sais.

-          Je sais, la vie est dure et il vous faut beaucoup de courage alors je vais vous souhaiter une bonne journée.

Je lui tends la main en souriant. Il rit aussi et me laisse passer.

 

 

 

 

 

 

Un pont relie depuis 2005 les deux berges du Ntem qui marque le frontière entre les deux pays. Les formalités de police et de douane sont très rapides. Renseignement pris à la frontière du Cameroun, en venant du Gabon, le visa peut être délivré à cet endroit et dans le nord du Cameroun, on pourrait faire viser son entrée au poste frontière et valider ensuite le visa à l'émigration de Maroua ou de Garoua.

 

ça y est me voici au Gabon, le pays où la vie est plus chère. Petite séquence émotion de retrouver ce pays vingt ans après.

Dès le passage de la frontière, le ciel est magnifiquement bleu, les gens saluent mon arrivée, les gendarmes penchent un peu la tête pour voir qui conduit et m'ouvre la barrière ( avec toute la lenteur d'usage) et me laisse passer sans rien me demander, je suis proche de la béatitude. La route est parfaitement goudronnée jusqu'à Oyem où je m'arrête au Mvet palace ( très bien). Il est très agréable de ne pas à avoir à subir en permanence cette pression des contrôles routiers intempestifs et quémandeurs  et le Gabon justifie sa réputation de pays paisible.

 

De ma fenêtre à Kango, je voyais en bas le fleuve, plus loin l’immense étendue de la forêt et au fond les monts de cristal. Plutôt que de prendre la route directement pour Lambaréné, je choisis de faire un détour par ces montagnes pour rejoindre ensuite la nationale qui va de Libreville à Kango. La piste jusqu’à Sam est praticable mais cassante. Elle devient ensuite très roulante jusqu’à Médouneu puis Kougouleu. Paradoxalement c’est lorsque la piste est bonne qu’elle est la plus dangereuse car on a tendance à prendre de la vitesse et étant recouverte d’une sorte de graviers de terre rouge, les virages un peu accentués se font avec une adhérence très limitée. Je me suis fais ainsi une paire de « tout-droit » dans les fougères, heureusement sans gravité.

 Je reste toujours surpris par l’isolement de certains villages, étonnement constant à travers tous les pays traversés, dans le désert, la savane, le sahel et ici la forêt. A peine accessibles par la piste, éloignés et ignorants de notre monde, ces villages demeurent figés dans leur élément par choix ou par nécessité et interpellent notre, mon besoin de toujours découvrir la forêt derrière l’arbre et l’horizon au fond de l’océan.

Ces gens là ne sont pas d’un autre monde, d’une autre époque, d’un autre temps.

Ils sont là.

Venus ou poussés par des guerres, des famines, des évènements climatiques.

Jusqu’au jour où l’Histoire, leur histoire, les mènera ailleurs.

La vie est dure.

Je les salue. Ils me saluent.

Je leur souris. Ils me sourient.

Je ne fais que passer.

 

La route de Libreville à Kango s’est considérablement dégradée en vingt ans. J’y arrive vers 18 heures, le temps d’un rapide tour de la petite ville. L’hôtel Assok est fermé, il y a une nouvelle mairie, la résidence du préfet est une superbe villa à peine visible derrière son immense mur d’enceinte. Et puis ….

Je me perds !!

Des choses insignifiantes me reviennent, mais je ne retrouve plus la route !

Enfin je suis au pied de la petite colline sur laquelle est posé le centre médical où j’ai travaillé dans mes plus jeunes années. La piste qui y mène est au moins aussi défoncée qu’à l’époque et traversée d’une profonde ravine qui rend l’ascension impossible sans 4X4. J’entends soudain sur ma droite par la vitre ouverte : «  Dr FLAMEN ??? » . Je tourne la tête.

« C’est bien le Docteur FLAMEN ? « 

Je reste bouche bée pendant quelques secondes avant de pouvoir répondre :

«  Amélie !!! »

,Nous nous sommes reconnus dans l’instant. Quelques années et six enfants plus tard, notre jeune femme de ménage fait toujours son office auprès du médecin actuel, on s’embrasse, on évoque rapidement les gens qui travaillaient au centre, je reviendrai demain matin, la nuit approche, il fait déjà bien sombre. Une silhouette descend la pente du centre médical d’une démarche caractéristique, un peu hésitante, un peu claudicante, un prénom me revient immédiatement : Pierre ! le manœuvre du centre qui passait théoriquement ces journées à couper les herbes en compagnie d’Antoine, décédé maintenant, mais que je surprenais à longueur de journée à boire du vin de palme avec son acolyte. Je l’appelle, oui oui il se souvient de moi, mais vu sa cataracte bilatérale et son état de délabrement je doute fort de l’authenticité de ses souvenirs. Il fait le tour de la voiture et doucement pour pas qu’Amélie n’entende :

«  Docteur, t’aurais pas un whisky-coca ? « 

Rien ne change.

 

               Le lendemain, après une dernière visite au centre où je retrouve Céline, une des deux matrones de la maternité je prends enfin la route pour Lambaréné, toute goudronnée maintenant, je passe l’équateur, reconnais les villages où j’avais des dispensaires, les bidons et les étals où l’on vend la viande de brousse sont toujours là, les publicités pour une marque de réseau de téléphone portable ont envahi les boutiques comme partout en Afrique, et j’arrive au bout de 16000 kilomètres à l’hôpital Schweitzer où je vais me poser pendant cinq mois, entre le fleuve et la forêt.

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