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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 16:03

 

Ce n'est pas le nom de code de la dernière mission d’un quelconque imprédictible agent secret mais celui d'un projet éco-touristique né il y a sept ans à la rencontre de l’océan et de l’équateur.


En 2002, Mike Fay, un biologiste américain, effectua un "mégatransect" à travers le Gabon pour en relever la biodiversité et documenter la richesse de sa faune et de sa flore. Cette traversée, sponsorisée par la Wildlife Conservation Society et le National Geographic servit à convaincre le président Bongo de créer 13 parcs nationaux qui couvrirait 11 % du territoire. Les intérêts pétroliers, forestiers et minéraliers mettent à mal cette noble intention mais la protection de ces réserves est globalement respectée. Après Waka, la Lopé, Mayumba, il me fallait découvrir le plus célèbre d’entre eux : le parc de Loango. Depuis Lambaréné, un bateau rejoint deux fois par semaine Port-Gentil en sept heures. Il faut ensuite attendre un autre bateau qui mène à Omboué en trois heures et enfin prendre une voiture qui vous laisse à Iguéla après également trois heures de piste. Autant dire qu’il faut deux jours pour y arriver et nos moyens ne nous permettant pas de nous offrir une suite au Loango Lodge, je cherchais depuis longtemps le moyen d’y aller par la piste pour y camper mais obtenais peu de renseignements fiables sur la possibilité de cet itinéraire. Ninon étant en vacances pour 15 jours à Lambaréné et en compagnie de Barbara, stagiaire allemande à l’URM, nous décidâmes d’entreprendre l’expédition par le sud.

Après un arrêt à Fougamou pour déjeuner avec Arti et Christian, tous deux autrichiens travaillant également pour l’URM dans le petit hôpital de Fougamou au bord de la Ngounié, je continuais jusqu’à Yombi puis prenais vers l’ouest. Je savais que la piste de Mandji était bonne jusqu’à Rabi car entretenue par Shell qui y exploite un gisement. L’inconnue commençait vraiment à cet endroit.

Nous nous retrouvâmes vers 18 heures devant une barrière qui marquait le début véritable du site SHELL. Un gardien nous signifia qu’il était trop tard pour passer et que sans autorisation préalable, il était de toute façon impossible de traverser. Il voulut bien cependant après palabres me faire remplir une demande qu’il faxerait à la sécurité de Shell mais la nuit approchant nous devions obligatoirement retourner à Mandji pour y dormir, c'est-à-dire refaire dans l’autre sens les deux dernières heures de piste. J’obtempérais respectueusement, fis demi-tour et nous campâmes trois kilomètres plus loin, en pleine forêt, à l’abri des regards sur une aire dégagée d’où émergeait une vanne de pipe-line. Aucun éléphant ni panthère apparemment abondants dans la région ne vînt troubler notre sommeil.
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Le lendemain, munis du précieux sésame, la barrière s’ouvrît mais nous dûmes suivre tous feux allumés – y compris les feux de détresse- un patrouilleur 4X4 muni d’un gyrophare qui nous mena à travers les vingt-cinq kilomètres de la zone visiblement sensible du site à la vitesse très précise de trente kilomètre-heure jusqu’à une autre barrière qui marquait la sortie.

Les gardes nous avaient indiqués qu’on pouvait effectivement aller jusqu’à Omboué ou Iguéla par la piste mais qu’ils ne l’avaient jamais fait….

Cette dernière portion du trajet bien qu’un peu plus dégradée, traversant un campement forestier et quelques villages isolés, s’avéra en réalité très facile mais un bruit bizarre venant du dessous de la voiture et qui s’accentua progressivement m’inquiéta sur les dix derniers kilomètres. Au ralenti nous parvînmes enfin vers midi au Loango Lodge où un travailleur croisé sur le chemin m’avait assuré que je trouverai un mécanicien. Le lodge est magnifiquement situé au bord de la lagune. Les touristes y sont relativement rares car le lieu étant difficilement accessible il faut du temps et de l’argent pour s’y offrir même un court séjour. Le mécano diagnostiqua un problème au niveau de la butée d’embrayage, il fallait commander la pièce à Port-Gentil, par chance un véhicule de ravitaillement arrivait le lendemain. Il ne nous restait plus qu’à attendre. Après un nouveau bivouac sauvage, nous passâmes la journée du lendemain au bord de la piscine du lodge qui n’attendait que nous. Ce bain providentiel après deux jours et deux nuits s’avéra salutaire pour notre épiderme et nos papilles olfactives qui commençaient à s’offusquer de nos émanations. Le soir la pièce arriva et nous convînmes d’organiser un safari le lendemain dans le parc pendant que le mécano réparerait.


 
Pour accéder au parc de Loango, il faut d’abord traverser la lagune sur un petit bateau. Un 4X4 équipé nous attend sur l’autre rive. Cinq minutes plus tard nous apercevons notre premier éléphant au loin mais le ciel est couvert et bientôt la pluie nous accompagnera une bonne partie de la journée. Mais par ce temps les animaux ne craignent pas de se disperser dans la savane mosaïque ponctuée de bois et de bosquets qui constitue le paysage remarquable du parc qui s’étend au sud jusque Sette Cama que j’ai déjà évoqué.

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Buffles et éléphants abondent et s’abritent dans les bosquets quand notre présence devient inopportune. Les buffles mâles, fiers et frondeurs, nous jaugent du regard et ne cèdent à leur instinct de fuite que lorsque femelles et progénitures aient disparu dans les bois.

Un éléphanteau de deux jours fera fondre le cœur des demoiselles qui m’accompagnent.


On peut apercevoir sitatungas (antilopes), cercopithèques ( petits singes), hippopotames ( en saison sèche), potamochères. Un cobra, fièrement dressé sur son quant-à-soi persiflera sur notre passage.
Nous ferons une pause du midi à Tassi un des deux camps satellites où il est possible de dormir à proximité de la mer.
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 Un peu plus loin, un petit campement de fortune accueille sous des tentes des chercheurs et leurs guides. Et qu’étudient-ils ces grands malades ? Les gorilles et les chimpanzés bien sûr !

C’est simple, je les maudis.

Accompagnés de leurs pisteurs ( pygmés venant de la Ngounié à proximité de Waka – tiens, tiens, ça me donne des idées), ils explorent la forêt plus au sud, relèvent les traces et les nids de gorilles, étudient les comportements des chimpanzés, placent des caméras de détection aux endroits sensibles qu’ils relèvent tous les quinze jours, et de temps se font une séance vidéo avec les films ainsi réalisés.

Je rêve.

 

En fin d’après-midi nous rejoignons la lagune où nous attendent deux éléphants qui posent complaisamment pour la photo.P1000773

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Retour au lodge : ce n’était pas la butée d’embrayage mais la boîte de transfert qui ne contenait plus une goutte d’huile. Ce n’est pas moins grave mais après remplissage, nous pourrons rentrer sur Lambaréné.

 

Il me faut maintenant trouver un vrai bon mécanicien et ça c’est une autre aventure.

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 20:46

( Quand vous en aurez marre de mes levers de soleil sur l'Ogoué vous me le dîtes)

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Faits divers ...........

 

Une journée ordinaire.

 

Il est midi trente. Je suis encore dans le service. On nous amène deux enfants, 9 mois et 2 ans. Deux hommes les portent dans leur bras. Ils travaillaient sur un chantier à proximité de leur maison quand ils ont entendu des cris, des hurlements. Ils se sont précipités et ont découvert les deux enfants couverts d'abeilles, se débattant sous l'attaque mystérieuse et impitoyable de leurs assaillantes. D'autres cris surgissaient dans d'autres pièces mais ils ne purent que soustraire les deux enfants de la maison et nous les amener à l'hôpital. Des dizaines ou des centaines de dards ponctuaient leurs têtes et leurs corps. Ils ne pleuraient plus, ils gémissaient, déjà en état de choc. Voie veineuse, adrénaline, corticoïdes, antihistaminiques, trois personnes s’occupèrent de chaque enfant afin de leur retirer toutes leurs fléchettes empoisonnées.

 

Deux autres enfants plus grands arrivent, anémiés, le corps brûlant, on prélève le sang mais le diagnostic ne fait aucun doute : le palu est en pleine recrudescence en ce moment. Perfusion, quinine. Il faudra transfuser un des deux, hémoglobine à 3 g/l.

Puis un nourrisson de onze jours qui nous vient de brousse, de Sindara. Accouchement à domicile. Il convulse bizarrement, ce sont plutôt des spasmes, répétés. Son petit corps se tend, les deux bras en avant, raides.

On peut le tenir d'une seule pièce de la tête aux pieds, la colonne vertébrale et les membres arcqueboutés, la mâchoire serrée. Enfin les muscles se relâchent. Quelques secondes de répit, et puis l'extrême tension reprend. On interroge la mère, femme du village désorientée entre les pratiques coutumières, les croyances ancestrales et les injonctions et diatribes virulentes des infirmières : " ça c'est la maladie des blancs, maman, c'est pas la maladie des noirs. ça se soigne avec les médicaments des blancs, donc ici tu n'utilises plus les remèdes indigènes, d'accord ?" . La mère baisse la tête, on n'affronte pas Nadine, Monique et nos autres opulentes et dévouées infirmières quand elles rugissent. Cela fait deux jours que le bébé est agité par ces secousses. Le tétanos néo-natal ou ombilical se transmet lors de la section du cordon par la lame gillette ( achetée chez le malien du coin) ou par les différentes herbes appliquées sur le moignon ombilical pour en accélérer la cicatrisation. On lui cherche la chambre la plus calme qu'on puisse trouver car le bruit et la lumière intensifient les spasmes.

 

Les bronchiolites se succèdent. L'épidémie dure depuis deux mois. On leur fait "fumer la pipe", appellation accréditée dans le service pour la nébulisation de salbutamol. Mais comme on ne dispose que d'un seul nébulisateur, les mamans font la queue sur des bancs dans le couloir, leur nourrisson sur les genoux, attendant leur tour.

 

Je passe devant le lit d'Anita, ma chouchou du moment. Elle a un an, le teint un plus clair, des yeux malicieux et rieurs en permanence. Quand je l'ausculte, elle minaude, déjà séductrice, me tend la main puis examine mon stéthoscope. Elle relève ensuite la tête et me regarde de son sourire enjôleur. Elle a un bec de lièvre, qui surprend au début, mais qu'on oublie très vite quand on succombe à son charme. Et cette disgrâce devient un atout de séduction supplémentaire  qui la rend encore plus attachante. La mère est à côté d'elle sur le lit. Elle semble plus âgée que les autres mères mais il est courant d'être mère à 40 ans ou grand-mère à 35.

Je lui pose la question : " c'est toi la maman ? " - " non, je suis la grand- mère." - " et la mère, elle est où ?" - " elle est partie, elle l'a abandonnée" - " et le père, il est où ? " - " le père, c'est le malaisien qui a été mangé par le boa". L'affaire avait animé les congossas ( les potins) de Lambaréné voici quelques semaines. Un malaisien travaillant sur un chantier forestier avait disparu. On avait retrouvé un boa dont la silhouette témoignait d'un copieux repas récent. Les photos circulaient en ville qui montraient le corps éventré du reptile duquel émergeait les jambes et une partie du corps de l'homme.

Anita allait mieux. Je proposais à la grand-mère de la faire sortir le lendemain. Elle me répondit que non, qu'il fallait qu'elle sorte aujourd'hui car elle était convoquée par le procureur au tribunal pour son fils qui est en prison.

 

ça fait beaucoup ...pour un destin ....

 

Dans la chambre d'à côté, une autre petite fille de neuf mois me regarde de ses grands yeux caractéristiques d'enfant malnutri. Elle tête un sein vide qui l'a probablement contaminé. La petite tousse et la radio a révélé une pneumonie lobaire droite. La mère tousse aussi, elle est maigre. Tuberculose ? SIDA ? les deux ? La sérologie HIV revient positive. Mais la mère nie, refuse la sentence, elle veut partir. On lui explique que pour elle et pour l'enfant, il faut qu'on fasse d'autres examens, qu'il y a des traitements. Elle se calme. De façon surprenante, la petite va rapidement mieux après quelques jours d’antibiotiques. Mais la mère refuse toujours les examens complémentaires. Je la fais alors sortir en lui donnant un rendez-vous dans quinze pour revoir l’enfant. Sans trop d’illusions …..

 

A part ça le Gabon a battu le Cameroun dans les poules éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations de football. Et ça, c’est la fête ! Grand spectacle dans la salle où l’on projetait le match et dans la ville après la victoire. Maintenant j’ai le drapeau du Gabon qui flotte sur ma voiture.

 

A part ça la Martinique a voté massivement NON au référendum du 10 janvier à la proposition de plus d’autonomie : 80 % ! un score de république bananière !

Je me suis régalé à la lecture des palabres sur les forums commentant les résultats.

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                                                                        Et Haïti pleure

                                                                        La vie continue.

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 17:23

                                                                  Ma terrasse, aube du premier janvier 2010

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                                                                     La roue tourne

                                                                  La caravane passe

                                                            Les feuilles se ramassent

                                                                Les Temps changent

                                                             L'eau coule sous les ponts

                                                              La mer efface sur le sable

 

Réveillons nous comme on dit le 31 décembre ou dans certaines publications religieuses qui veulent nous faire prendre des messies pour des lanternes.

 
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                                             Je vis entre deux hémisphères en mitoyenneté       

                                                Le problème c’est le syndic de copropriété.


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                                                                     On nous dit des bêtises
                                                                          des sottises,

                                                                      faut toujours vérifier.

                                                            J’ai roulé, j’ai roulé, c’est pas vrai :

                                                                La terre ne tourne pas rond.

                                                                Faut pas me prendre pour un con.

 

                                                            
                                                                              J’ai le cardan solaire et l’essieu étoilé

                                                      Avec ça, c’est sûr, je peux pas me tromper.

                                                      J’ai coupé le contact pour écouter la forêt.

                                                                           Quelque part

                                                                     un gorille se prépare

                                                                              à pioncer.

                                                          Il a fait son nid dans les marantacées.

                                                          Je crois bien que je ne le verrai jamais.

 

                                                         Mais j’aime encore et toujours à penser

                                                        Que la bête qui sommeille puisse exister.

                                                       Que l’univers qui s’éveille n’est pas que l’humanité.

                                                          Que l’Etat sauvage n’a pas de nationalité.

 

                                                               Tout ceci ne doit pas nous empêchez

                                                                       De nous marrer. De danser.

                                                     Se taper sur les cuisses c’est bon pour la santé.

                                                                                   Vivez bien,

                                                                                    fêtez bien

                                                                                  Bonne Année
                                                                                                                          DSC00222                         eDSC00225                                                                                                                                          DSC00224DSC00226
                         
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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 21:07


Un mois déjà depuis mon retour de France et ma reprise de service en pédiatrie à l'hôpital Schweitzer.


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     Ce séjour en France a été pour moi l'occasion de revoir les êtres chers et de fêter l'anniversaire de ma chère mère en compagnie de ma fille et de ma soeur non moins chéries et de son fécond mari, toutes personnes qui m'ont et qui continuent de me soutenir dans mon entreprise et sans qui, comme on dit dans les cérémonies d'autocongratulations cinématographiques, rien de tout ceci n'aurait été possible.

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14 novembre 2009 :

commémoration avec dignité ( qui avait fait le déplacement mais qui curieusement s'absenta prématurément au cours de la soirée pour des raisons que l'enquête aura à déterminer) dans une cave à vins du IX arrondissement de Paris de la fin de mise en quarantaine de notre bien-aimé Christian. Ce fut pour moi également l'occasion de me souvenir du premier anniversaire de mon départ de la martinique.


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Mais changer de vie est une activité éprouvante : déclarations, quittances, loyers, abonnements, redevances, taxes, cotisations, changements d'adresse, virements, justificatifs, transferts, annulations.

J'ai mis des semaines avant mon départ et encore trois mois pendant mon séjour en France à solder des comptes et me mettre en règle avec l'administration.

 

Vous pouvez vous faire vacciner contre la polio et le tétanos, l'hépatite et la méningite, la rage et le choléra, vous n'aurez jamais l'immunité administrative.

Plus un système est organisé c'est à dire plus il tend à éliminer la part de hasard, d'irrationnel, d'inattendu, plus il a tendance à marginaliser les exclus qui n'intègrent pas volontairement ou involontairement les lois du dit système. Ainsi l'état de droit ne tolère pas les SDF ( Sans Domicile Fixe et non cette Saloperie De Flamen comme m'ont surnommé affectueusement mes amis quand je leur ai annoncé mon intention de proroger mes RTT ). VOUS DEVEZ HABITEZ QUELQUE PART.

Pour des raisons pratiques, j'avais fais correspondre mon courrier chez ma mère, bien qu'étant itinérant pendant mes trois mois en France.

Bien mal m'en a pris. Pourquoi faire simple .......

Le trésor public décida que je cohabitais avec ma mère et lui attribua une taxe d'habitation dont elle était dispensée auparavant.

Une virago plénipotentiaire refusa d'admettre mon errance.

J'avais toujours eu jusqu'alors des rapports plutôt courtois avec l'administration fiscale m'étant même fendu jadis d'une petite ritournelle à l'occasion d'une entrevue avec une aimable contrôleuse martiniquaise:

                                    " J'ai rendez-vous à l'hôtel

                                             avec Isabelle

                                         mais manque de pot

                                        c'est l'hôtel des impôts".

ce qui à l'époque avait eu l'heur de faire sourire la charmante mais ne l'avait pas empêchée de me redresser ( si je puis dire).

 

 L'inquisitrice nordiste se montra elle imperméable à l'art et à l'humour. Elle avait fait de la table des Lois sa table de travail. Contribuable tu nais, contribuable tu es.

 

Et me voilà donc toujours après une année de découvertes, de surprises, d'aventures, d'impondérables, à devoir me justifier auprès des autorités psychorigides de notre belle civilisation d'être là-bas si j'y suis.


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Heureusement il y a le hasard d'une rencontre avec une tortue luth venue pondre sur la plage près de laquelle nous campions. Les tortues, après des milliers de kilomètres dans l’océan reviennent toujours pondre sur la plage qui les a vues naître.


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                                                          C'est beau la Loi de la nature.
 
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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 17:57

COCO BEACH

Le nom fait rêver et pourtant aucun guide n'en fait l’éloge et pour cause : il n'y a rien.
 C'est donc une bonne raison d'y aller.
Vendredi férié pour cause de Tabaski. Week-end prolongé.
                                                                                                                                                                                                                                        
Le plaisir de reprendre la volant, de slalomer sur la piste rouge au milieu de la forêt verte. 


       Au nord de Libreville en partant de Ntoum la piste délabrée par la saison des pluies s'enfonce dans la forêt puis longe la bande côtière jusqu’en Guinée équatoriale. Une première tentative dans une piste s’orientant vers la mer s’avère infructueuse mais un vieux papa devant sa case nous apprend qu’un peu plus loin devant l’école une piste conduit à la plage.





















Nous la prenons et au bout d’un kilomètre un pêcheur en train de découper un petit requin-marteau nous accueille sans problème. Nous pouvons laisser la voiture et aller nous balader en bord de mer.




















C’est un village de pêcheurs composés de cases aux murs de planches et au toit de raphias et feuilles de palmes. Devant l’une d’elles une dame assise sur un banc nous indique la meilleure direction et à marée basse nous découvrons une immense baie, alternance de vasière et de sable.



                                                                                                                                                                                                                                                 La nuit tombe. De retour au village nous bavardons avec notre accorte hôtesse qui nous apprend que plusieurs villages de pêcheurs nigérians (je répète pour la n ième fois pour ceux qui n’écoutent pas : nigériens du Niger et nigérians du Nigéria) se succèdent sur cette partie de littoral. Presque tous clandestins, les autorités ferment les yeux sur leurs activités et petits trafics en échange bien sûr de compensations en nature. Colette est la seule gabonaise du coin. Elle s’est installée là depuis quelques années et achète en gros le poisson fumé puis salé qu’elle revend au Gabon mais aussi au Cameroun et en Guinée. Elle est respectée de tous et sous sa protection nous invite à camper sur sa concession. Nous y passerons deux nuits.


 Repus de mangues, papayes et sardines séchées nous vivons au rythme du village, retour des pêcheurs, visite des installations de fumage, simple case close où sont alignées sur un lit métallique d’innombrables sardines surmontant un foyer de bois, promenade, farniente.
















Colette nous organise une remontée de rivière en pirogue. Après avoir traversé la baie dans notre pirogue équipée d’une voile de fortune, nous naviguons à la rame au milieu de la mangrove et des coupants pandanus qui nous lacèrent les bras et le dos. Au bout d’une heure un barrage de branches de bambous nous barre le passage et nous contraint à faire demi-tour. Portés par le courant le retour s’avère beaucoup plus facile


Samedi soir ; dans un petit bar la sono diffuse les succès du moment. Nous sommes accueillis avec chaleur dans leur petite communauté. Deux ambianceurs passablement éméchés font une démonstration de danse acrobatique au milieu de la pièce. Les rires sont forts. On nous offre la bière. Impossible de refuser. La musique continuera longtemps après que nous ayons regagné la tente.













Dimanche : Colette nous accompagne à Coco beach. Nous quittons notre village. C’est vrai qu’il n’y a pas grand-chose à Coco beach si ce n’est une petite cité gabono-équato-nigérianne qui vit de pêche et de trafics transfrontaliers. Colette connaît tout le monde et nous fait rencontrer les douanes, le maire, la police, tous parents plus ou moins éloignés. Elle me dit au passage que si j’ai besoin d’un visa pour la Guinée Equatoriale il n’y a pas de problème …….

 







Il est temps de rentrer.
 Après la visite d’un dernier village de pêcheur où l’on nous invite encore à boire un verre nous ramenons Colette à son village ne sachant comment la remercier pour son hospitalité.

                                         « C’est normal, vous êtes mes invités

                                                                      Merci Madame.

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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 22:43




......

« La population mondiale comptait à ma naissance 1,5 milliard d'habitants. Quand j'entrai dans la vie active vers 1930, ce nombre s'élevait à 2 milliards. Il est de 6 milliards aujourd'hui et il atteindra 9 milliards dans quelques décennies, à en croire les prévisions des démographes. Ils nous disent certes que ce dernier chiffre représentera un pic et que la population déclinera rapidement ensuite, si rapidement ajoutent certains, qu'à l'échelle de quelques siècles une menace pèsera sur la survie de notre espèce. De toute façon, elle aura exercé ses ravages sur la diversité non pas seulement culturelle mais aussi biologique en faisant disparaître quantité d'espèces animales et végétales.

De ces disparitions, l'homme est sans doute l'auteur, mais leurs effets se retournent contre lui. Il n'est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à une explosion démographique et qui - tels ces vers de farine qui s'empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme bien avant que la nourriture commence à leur manquer - se mettrait à se haïr elle-même parce qu'une préscience secrète l'avertit qu'elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces biens essentiels que sont l'espace libre, l'eau pure, l'air non pollué.

Aussi la seule chance offerte à l'humanité serait de reconnaître que, devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d'égalité avec toutes les formes de vie qu'elle s'est employée et continue de s'employer à détruire.

Mais si l'homme possède d'abord les droits au titre d'être vivant, il en résulte que ces droits, reconnue à l'humanité en tant qu'espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de l'humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l'existence d'autres espèces. »

 

Claude LEVI-SRAUSS

" Les leçons d'un ethnologue"

 

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HUMANISME : Position philosophique qui met l’homme et les valeurs humaines au-dessus des autres valeurs

 

HUMANITAIRE : Qui recherche le bien de l’humanité, lutte pour le respect de l’être humain

( Petit LAROUSSE )


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Le Lebensraum (de l'allemand, der Raum l'espace et das Leben la vie} ou « espace vital », est un concept géopolitique qui renvoie à l'idée de territoire suffisant pour, dans un premier temps, assurer la survie d'un peuple et, dans un deuxième temps, favoriser sa croissance. Ce territoire peut s'obtenir en l'épurant ou en le conquérant (par la guerre, le plus souvent).

Cette idée est généralement connue pour avoir été l'une des principales justifications théoriques des nazis pour la politique expansionniste de l'Allemagne. Cependant, elle n'est pas une idée « nazie », car à l'instar de nombreuses autres politiques nationalistes[1], elle est une justification de l'expansionnisme.

 (WIKIPEDIA)

                     

 

MALTHUSIANISME

Recherches scientifiques

Les préoccupations écologiques renouvellent aujourd'hui la problématique malthusienne. Ainsi, certains, comme le commandant Jacques-Yves Cousteau, voient dans l'excessive population humaine le principal obstacle à la sauvegarde des espèces animales et végétales. Ian L. McHarg [1] décrit la recherche de John B. Calhoun et Jack Christian mais il ne donne pas la référence bibliographique.

John B. Calhoun découvre par hasard que le stress causé par la densité serait la principale cause d'incidence de maladies infectieuses chez les boeufs musqués sauvages. Ce qu'ils confirment dans ces expériences avec des rats, dans le zoo de Philadelphie. Ils identifient les maladies de tension qui affectent les capacités reproductives et provoquent les maladies du cœur et des reins. Les comportements sociaux dégénèrent alors, les mâles dominants attrapent des maladies physiques, les mâles fouisseurs les remplacent et deviennent hypersexuels, tandis que les cataniques présentent une pathologie mentale extrême.

McHarg cite encore Paul Leyhausen « Près de cinq ans dans un camp de prisonniers m'ont appris que les sociétés humaines surpeuplées reflètent dans le moindre détail les symptômes des communautés de loups, chats, chèvres, souris, rats, lapins et que toutes les différences sont liées aux particularités des espèces; les aspects fondamentaux de l'interaction et de l'organisation sociale sont en principe identiques et il y a une véritable homologie entre l'Homme et l'Animal à travers toute l'espèce de vertébrés » [2

 

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HENRY (Thierry)

Philosophe et poète du XXI ème siècle, fervent nationaliste qui fit des mains et des pieds pour rendre gloire et fierté à son pays en lui évitant l’humiliation d’une défaite.

 

 

    A la seconde même où notre brillant personnage soulageait notre nation d’une petite menotte impromptue, je réceptionnais dans les miennes mon premier bébé césarienne en tant que pédiatre à l’hôpital SCHWEITZER .

Cette communauté de destin me trouble encore.


 

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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 21:34



«  Pluies et ruissellements »  nouvelle saison, Equateur, le 15 octobre.

L'air sourd d'une humeur aqueuse molle et prégnante. Et quand l'ondée cesse, un soleil impitoyable évapore le souffle poisseux de la terre.

Le mieux c'est de rester assis.


Les bancs de sable ont définitivement disparu de l'Ogoué et le fleuve à nouveau plein de vigueur charrie d'une eau sombre troncs et branchages épuisés par une longue saison sèche. A sa surface une écume de coton de kapokiers dérive vers les lacs et la mer.

Sarabandes de grenouilles et myriades d'insectes accompagnent l'orchestre des milliers de gouttes tombant sur la tôle. Les mangues grossissent à vue d'oeil et s'échouent par dizaines sur l'herbe des chemins. Partout les arbres s'épanouissent de guirlandes de feuilles d'un vert blouse de chirurgien. Toute cette vitalité est poignante.

Et épuisante.


Le mieux c’est de rester assis.





Les animaux tremblant sous le déluge mais euphoriques des nouvelles pousses et des jeunes fruits apparus s'éparpillent à nouveau dans la forêt et dans les savanes environnantes. La disette estivale les a rendus maigres et affaiblis. Bientôt ivres de cette abondance, ils retrouveront les territoires délaissés et suivront le cycle des floraisons et des fructifications.

C'est à ce moment là qu'on a le plus de chance de les observer.

 

Mon projet de mission à la station d’études  des gorilles et chimpanzés ( SEGC) au parc de la Lopé est suspendu pour des raisons techniques et de calendrier.

Je prolonge mon séjour à l’hôpital Schweitzer dans le service de pédiatrie à partir du 15 novembre.

 En attendant je vais rentrer en France pour trois semaines, revoir ce cher pays de mon enfance. Cela fait plus de huit mois que je suis parti. J’ai besoin de nouvelles chaussettes.

 

Il faut partir à point.

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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 17:43


Statistiquement, combien de chances un individu a-t-il d'aller un jour sur la lune ou de gagner à l'euromillions ? De même quel est le risque d'avoir successivement un tique dans chaque narine, de marcher sur un serpent et pour finir de voir un coleoptère venir demander l'asile prolifique dans son conduit auditif ?














Par cette dernière proposition je suis un évènement statistique. Des tiques ont choisi la mitoyenneté dans mon appendice nasal pendant notre G.B.T. de joyeuse mémoire, le serpent était mort certes mais de fraîche date et un mamba vert reste impressionnant, même trépassé et je veux bien prêter l'oreille à toutes les divagations, ma nature hospitalière a quand même ses limites.

Après mes mésaventures orificielles, j'ai prolongé à la demande générale mon séjour à l'hôpital Schweitzer d'une dizaine de  jours. On me reconnaît facilement maintenant, je suis le seul médecin qui déambule dans l'hôpital coiffé d'un bonnet sur les oreilles, affublé d'un masque protecteur sur la face et chaussé de grandes bottes remontant jusqu'aux genoux.

 
Il n'y a pas de bilan à faire de cette halte prolongée à Lambaréné. Je pense avoir suffisamment décris la juste coïncidence du lieu et de l'instant, mes bonheurs de rencontres, mes retrouvailles avec la médecine de mes débuts, la langueur du fleuve et le mystère de la forêt.

                                                                              


                                                                                  

              Il est temps de partir à point.

 



























J’ai encore des rêves à poursuivre, des pistes à remonter comme celle qui mène à Omboué, près de la mer à Loango.

 














Ou des stations où je vais me pauser. Comme la SEGC, la station d’études des gorilles et des chimpanzés du parc de la Lopé qui dépend du CIRMF ( Centre International de Recherche Médicale de Franceville).

 

Et puis après …….

 

…..plusieurs pistes sont possibles ………


Il se passe toujours quelque chose au Gabon .......


 

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 00:26
                         Week-end de garde

La situation devenait dramatique à Lambaréné. Bien avant les élections, chacun avait pris soin de faire le plein de provisions et dans la semaine qui suivit, la rue étant agitée par quelques émeutiers, le bon peuple resta cloîtré chez lui et la plupart des commerçants jugea plus prudent de garder rideaux fermés par crainte d’éventuels pillages. En conséquence de quoi, malgré l’abondance de précautions prises, nous nous trouvions en pénurie de bières. La garde commence le vendredi midi jusqu’au lundi matin mais ne travaillant pas le vendredi après-midi ( après-midi de récupération ), et devant l’urgence de la situation, je décidai de prendre ma voiture pour remplir les casiers lamentablement vides qui se morfondaient aux portes du réfrigérateur.

Las, ma mission à peine exécutée, mon portable se mit à vrombir de son air chafouin que je ne lui connais que trop bien. Le numéro des urgences de l’hôpital s’afficha. La qualité du son dans le réseau cellulaire en Afrique n’est pas vraiment en dolby-stéréo et conjugué aux bruits des voitures et des sonos intempestives qui jalonnent le bord des routes, la compréhension peut parfois s’avérer difficile voire hasardeuse. Après maintes répétitions et incompréhensions mutuelles je finis quand même par déchiffrer la teneur du message qui requérait ma haute compétence : le croque-mort avait tenté de se suicider !



L’eau de vie n’abreuvait plus ses veines et la mise en bière lui semblait préférable à cette source tarie. Je tentais sournoisement de différer mon intervention mais le major de garde me fit comprendre que ma présence s’avérait indispensable dans les plus brefs délais. Arrivé à l’hôpital, je compris devant l’abondance de populace qui s’agitait dans le service d’urgence et devant la déférence qu’affichait les infirmiers du service que l’affaire était de la plus haute importance.

 L’individu, haut en couleurs, interdisait violemment qu’on l’approche, clamant
qu’il savait très bien ce qu’il faisait et que sa décision était irrévocable.



Je commençai par faire sortir tout ce beau monde pour calmer les esprits, le laissai faire encore un peu son numéro de tribun désespéré mais lucide, puis parvint enfin à le faire asseoir sur une chaise en face de moi en lui promettant que bien entendu je n’attenterai à son intégrité physique pas et que je respectais sa décision. Pendant le laps de temps qui avait précédé l’accalmie, de nombreuses questions éthiques affluèrent en moi me laissant perplexe sur la conduite à tenir.

Car enfin un croque-mort qui choisit sciemment de passer à l’arrière du véhicule ne demande t-il pas considération pour sa demande ? ( dans un véhicule des pompes funèbres la place du mort est à l’arrière).

Le cas n’était pas banal.



Pendant près d’une heure je le fis parler et il me raconta sa vie, familiale, professionnelle et conjugale, pleine d’ambitions et de déceptions, de gloire et d’échecs. Celui qui conduisait ses semblables à leur dernière demeure avait pour passion secondaire de construire des maisons pour les vivants et il s’était ainsi constitué un patrimoine immobilier enviable. Je ne sais si c’est cette dernière particularité qui forçait l’estime des infirmiers ou sa qualité de transitaire post-mortem, mais ils faisaient preuve d’une commisération peu habituelle dans ce genre de circonstances. Je les avais plutôt entendu à plusieurs reprises conseiller à de frêles jeunes filles en proie à une déception sentimentale ou à une situation familiale difficile de se jeter du pont de l’Ogoué plutôt que de prendre quelques misérables comprimés inefficaces et de venir déranger le personnel de garde qui avait assez de travail comme ça. Après un interrogatoire subtil et talentueux, il narra qu’à bout de forces et de nerfs il avait pris une écorce « raticide » utilisée localement pour occire les rats et autres animaux errants et dont la toxicité se révélait foudroyante et irrémédiable. Trois heures avaient passé depuis l’ingestion fatale et le discours de l’homme quoique moins agité ne faiblissait pas. Il avait mélangé cette écorce dans un grand verre de whisky de douze ans d’âge, bu la potion rédemptrice et c’était allongé attendant le trépas salvateur.
                                                                                                                                                                          





De nouvelles interrogations m’assaillirent : un être capable de gâcher un aussi bon whisky méritait t-il l’absolution ?



Après cette dernière révélation je remarquai que les deux infirmiers qui m’assistaient échangèrent des regards complices et qu’un discret sourire allégeait maintenant leur faciès taciturne.

Nous laissâmes partir le requérant, toujours aussi ferme dans ses dernières volontés.

Son état ne s’altérait pas et aucune force n’aurait pu le contraindre à rester en observation pendant 24 heures à l’hôpital.

Après son départ, mes deux assistants me révélèrent la teneur de leur changement d’attitude. L’écorce qu’avait évoquée le mortifère était bien connue d’eux et était effectivement très toxique consommée pure mais était inactivée par l’alcool ce qui expliquait la longévité du compère.

 

Aucun faire-part ne parut dans les jours qui suivirent et notre homme, revenu à de meilleures sentiments, reprit le volant de son corbillard, échafauda de nouveaux  plans de villas et continua à s’engueuler avec sa femme.

 

J’aurais pu vous parler aussi de Prisca, que le SIDA ronge de jour en jour et qui ne passera probablement pas la semaine. Le SIDA se transmet de la mère à l'enfant au moment de l'accouchement ou au cours de l'allaitement. Son bébé de cinq mois est hospitalisé en pédiatrie pour la même maladie. Ou de Cornelia, tuberculeuse décharnée que la volonté et la patience de sa mère aidée de quelques molécules chimiques ont sauvée et qui pourra profiter encore des facéties de son bébé. De tous ceux là dont le nombre ne cesse de croître, sidéens et tuberculeux, qui deviennent des chiffres effarants dans des statistiques morbides.


Il existe un ministère du SIDA au Gabon.

Dont on raconte mille et une malversations.

Ali a la réputation d’être plus exigeant que son père envers ses ministres et ses fonctionnaires. On pourra le juger sur cet immense chantier qui l’attend.

Mais je voulais aussi vous parler de ce vieux papa et de cette vieille manman ( ici à partir d’un certain âge on est « papa » appellation usuelle et bienveillante) . Il fut hospitalisé quelques jours pour changer la sonde urinaire qu’il porte depuis neuf ans et pour une altération passagère de l’état général. Sur sa fiche il doit avoir quatre-vingt ans et elle probablement tout autant mais l’âge ici reste une notion tout à fait aléatoire surtout pour les gens de cette génération à qui l’on a attribué une année de naissance à partir de souvenirs historiques. Une bonne partie de la population est ainsi née le premier janvier de telle année, jour officiel et administratif.



Papa était fatigué. Manman lui remettait ses chaussures, galoches découpées dans de vieilles bottes. Elle l’aidait à se redresser dans son lit puis à se lever. Elle-même, courbée depuis des années par des travaux trop durs sur une terre trop basse marchait avec un bâton sur lequel elle s’appuyait pour se redresser un peu quand elle voulait faire une pause. Tous leurs enfants étaient morts. On ne demanda pas de quoi. Ils restaient deux, unis, tous petits et rabougris, sans plainte, inséparables comme les oiseaux du même nom. Les mots ne leur étaient plus nécessaires. A une attitude répondait un geste, un regard épargnait une question.


Papa allait mieux. Je décidai de les ramener au village en compagnie d’Anne-Lise ma stagiaire américaine tombée amoureuse du papa. Je les portais tout les deux dans ma voiture beaucoup trop haute pour leurs petites jambes.

C’était le même jour, la même après-midi peu avant qu’on ne m’appelle pour le valétudinaire croque-mort.

 Le début d’un week-end de garde.

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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 19:21

06-09-09

 












C'est la fin de l'été.

Comme prévu.

On sait que ça va arriver mais on ne s'y fait jamais.

C'est la fin aussi d'une semaine un peu folle.

 



















Comme prévu.

Ali bongo a gagné les élections présidentielles.

Les résultats selon les provinces sont très bizarres. Le haut Ogoué d'où est originaire la famille Bongo a fait basculer par le score et le nombre de votants le total des autres provinces réunies.

L'opposition a refusé de signer les procès-verbaux des résultats.

A Port-Gentil, fief de l'opposition, on a brulé le consulat de France, la prison et quelques stations TOTAL. La France est soupçonnée de soutenir Ali.

Ici à Lambaréné, nous sommes consignés à l'hôpital. Il y a eu quelques mouvements à l'annonce des résultats mais depuis la situation est calme. Mais comme l'hôpital jouxte le quartier Adouma, quartier majoritairement fang qui soutient un autre opposant, les blancs et surtout les français n'y sont pas les bienvenus.

Dimanche dernier on y allait encore pour boire une bière et manger des brochettes.

 















Comme prévu le Cameroun a battu le Gabon dans les phases éliminatoires de football de la coupe d'Afrique et de la coupe du monde. La situation n'est pas désespérée puisque l'équipe du Gabon avait très bien commencé les matches de son groupe et une défaite n'entame pas ses chances de qualification. Mais une victoire contre le prestigieux voisin camerounais aurait apaisé la situation et dans l'euphorie de celle-ci on pouvait espérer une réconciliation nationale autour du ballon rond. On craignait les réactions en cas de défaite mais la rue reste calme.

 






















Comme prévu, Ninon est partie ce matin après deux mois passés ici.

Il y a des périodes de grâce dans une vie. Je crois que pour elle s'en fût une. Pour nous aussi. Moi et ses nouveaux amis. Américains, allemands, gabonais, français.

Mais peut-être serait-il mieux qu'elle raconte tout ça elle même.




 



















Comme prévu la saison des pluies a commencé en amont du fleuve, dans les montagnes du nord et de l'est, et ces eaux drainées par une multitude de rivières ont fait monter le niveau de l'Ogoué bien que les pluies soient encore rares à Lambaréné. Les bancs de sable peu à peu se retrouvent immergés et leurs reliefs redessinent de nouveaux contours. Les plages s'estompent pour finir par être complètement englouties. Au fil des jours. Au fil de l'eau.

Jusqu'à la prochaine saison sèche.

Comme prévu.

 
























Heureusement, on ne pas tout prévoir.


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