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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 19:43



La vie parfois dilapide son temps à nous livrer des hasards heureux. Je relisais encore récemment et simultanément les oeuvres des 2 plus grands philosophes du XX ème siècle à savoir " La Nausée" de Sartre  et

" Vivons heureux en attendant la mort" de Pierre Desproges.
Ces deux monuments traitent du même sujet à savoir la difficulté de vivre et d'envisager l'avenir lorsque l'éternel coq intempestif perturbé du chronobulbe s'éveille à l’heure bénite où tout honnête citoyen envisage la tête à peine posée sur l’oreiller une sieste réparatrice ou quand le bouchon du Romané-Conti dominical vient à se briser lamentablement sous la traction innocente et pourtant coupable du tire-bouchon gémonique ( comme s’exclama mon oncle Jacques au dessus de ma tante Monique le soir de leur nuit de noces)
 

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Il m'arrive à moi aussi d'envier la morne quiétude et l'indifférence benoîte, comme disent les papistes, du bovin charolais quand le même hasard  fait passer une étape du tour de France au bout de son pré où gambadent des génisses impubères et des vaches impavides aux mamelles gonflées par un broutage intensif et inconscientes des turpitudes épileptiques de l'euro, bref disais-je avant que l'évocation sensuelle du pissenlit fraîchement éclos au milieu des étourdissantes fragrances telluriques ne vienne troubler mon propos,
une pause s'impose.
 
Il était temps pour moi d’accomplir mon pèlerinage annuel au bon vent des bovins et du bon vin de Vauban en compagnie des mes frères et soeurs de la confrérie des maboules d’or en ce mois d’août de l’année de grâce 2012.

 

 

 

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                                                             Mais Dieu que cet été fut rude.

 

 

Tout commença au cours de ce regrettable week-end de l'assomption, surtout le lundi au soleil, où nous aurions du être réuni pour célébrer ensemble notre Sainte Vierge Marie et la mémoire de Paul RICARD, par le comportement irrespectueux de certains qui ayant perdu tout sens commun se laissèrent aller à mimer le destin tragique d'un des plus grands chanteurs populaires français de tous les temps dont la disparition, telle la chute du phare d'Alexandrie priva toute une génération de ses lumières universelles.
Déjà la tenue minimaliste de la maîtresse de maison à notre arrivée promettait des dérives morales qui se confirmèrent au cours des heures suivantes. On comprend bien pourquoi les propriétaires des lieux s'évertuent à faire pousser des haies de plus en plus élevées autour de leur piscine et pourquoi les agriculteurs du coin achètent des tracteurs de plus en plus hauts. 
Tout dans ce week-end fût déplorable: sous prétexte de concurrencer des jeux olympiques ignominieusement attribués à nos voisins d’outre-manche j'ai assisté dans la dite piscine à des séances de frénésie aquatique ad libitum ( et je pèse mes mots ) dignes de la Rome la plus antique ou de la Grèce la plus fondue, j’ai participé contraint et forcé à des concours de pétanques sur des terrains indignes d'un championnat de Tchétchénie de 3ème division, à la place des hymnes nationaux un parangon de Pascal Sevran se hasardait à coups d'intros musicales à animer des soirées blind test pendant que de jeunes éphèbes préparaient de torrides cocktails cubains , un paparazzi décati tentait de solder ses polaroïds hamiltoniens et ses photomontages post-industriels tandis que la maîtresse de maison s’évertuait en vin d’une fléchette hagarde à atteindre une improbable cible qui ne lui avait rien fait.

Bref je me trouvais innocemment et contre tous mes principes de probité au milieu d’une panégyrie d'âmes corrompues et blasphématoires se vautrant dans des vapeurs d'esters et de spasmes gutturaux dont la décadence morale n'avait d'égale que l’incapacité à s’émouvoir de l’auguste ( août ...) sort tragique des Armstrong en cet été maudit.

 

Et dire que pendant ce temps-là j’aurais pu réviser mes cours d’anatomie comparée en compagnie de jeunes militantes à l’université d’été de l’UMP !

 

                                                                              

                                                                                   Compétition de canoe-kayak

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                      équipe corse                                                                         équipe roumaine

                                                           Compétition d'escargots 

       

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En quête d’apaisement éthique, je décidais alors une retraite spirituelle en l’Abbaye de Leynes où Frère Jean-Luc m’attribua généreusement une cellule et m’offrit un peu de pain et de vin.

 

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                           Rasséréné par le divin breuvage, de nouvelles Ecritures s’imposèrent à moi :

 

 

«  Et Dieu créa la femme

 

Toujours sémillant pour son âge, il était d'humeur mutine et légère ce matin là.

Il lui mit des seins et des fesses.

Remarquez, je le comprends,  je serais créateur,  j'aurais fais pareil à sa place.

Sauf que moi, j'aurais pas créé l'homme.

Surtout quand on connaît la suite de l'histoire de l'humanité ....

 Puis il contempla son Œuvre.

 

 

Là-dessus Dieu le père arrive et dit : " Oh Fils, qu'est-ce qui se passe, tu déconnes ou quoi ! "

Ni une, ni deux il appelle son collègue Mahomet et lui demande: " Rhabille les, qu'elles soient un peu décentes tout de même ! "

L'autre y croit bien faire, il les rhabille des pieds à la tête,  il met la grand voile : on voit plus rien.

Et elles non plus d'ailleurs.

Pendant ce temps-là  Adam lui commence à s'impatienter : " Bon Dieu,  je fais quoi là ? "

Dieu un peu embarrassé lui répond : " Euh ...attends "

 

Et il créa la page de pub.

 

Alors moi je dis : si Dieu créa la femme et l'homme, qui créa Dieu le Père ?

 

Dieu le Grand-Père ?  »

 

Après ça je crois que j’ai eu une crise de foi.

 

Il était temps pour moi de reprendre l’avion.

 

 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 20:09

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Elections en France : on va pas en faire tout un fromage !

 

Le général de Gaulle se demandait comment gouverner un pays qui a plus de 300 sortes de fromage.

La campagne pour l' élection présidentielle nous donne l'occasion de vérifier une fois de plus cet adage.

Cette élection ressemble vraiment à un plateau de fromages, on voudrait en prendre un peu de chaque mais il faut choisir.

 

D'abord le favori qui lui même porte un nom prédestiné, Hollande, un peu rouge, pas beaucoup de goût mais qui bonifie en vieillissant.

Mélenchon dont le patronyme fait penser à un fromage de chèvre mais qui s'empresse toujours de hurler avec les loups.

Marine Le Pen, élue du Nord- Pas de Calais s'est identifiée à la boulette d' Avesnes, un fromage qui pue en quête de respectabilité.

François Bayrou nous rappelle La vache qui rit, ça conserve bien, c'est facile à transporter, on en trouve partout, c'est rond, on en prend une part tous les cinq ans.

Eva Joly c'est le Boursin, ail et fines herbes. Ecolo, elle essaie de faire campagne.

 

Bien sûr, j'ai gardé le meilleur pour la fin, celui qui est à lui seul une question à choix multiples qui va de l'apéricube au Brucchio de ces amis corses, j'ai nommé le nain sectaire, pardon le saint nectaire Nicolas Sarkozy.

 

Il ne vous reste plus qu'à choisir quel sera notre meilleur camembert Président.

 

 

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           Sinon ici c'est tranquille. Avec Frieder, chercheur allemand nous allons visiter nos amis Babongos en plein coeur de la forêt équatoriale.

 

                                  

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                                                       Le taxi pour la fête au village voisin.

 

 

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                  Ce pont semblait facile. Il l'était.

 

 

 

                                             ......le même deux mois plus tard ......

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                          J'ai senti les planches se casser sous la voiture. Nous sommes les derniers à l'avoir franchi.

 

 

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                                                Ce village s'appelle " TRANQUILLE ".  Allez savoir pourquoi ....

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 20:00

J'ai beaucoup de respect pour les fêtes religieuses. Surtout quand elles tombent un jeudi ou un lundi.

Nous noterons par ailleurs comment la sémantique chrétienne et celle du tour de France parfois se confondent : ascension - pentecôte.

 

J'en profitais pour enjamber le week-end de l'ascension.

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La rivière Ikobey est le raphé médian qui sépare le parc de Waka en deux. Depuis longtemps je cherchais une piste en amont afin de descendre cette rivière en kayak mais aucune ne permet l'accès à cette rivière encaissée entre deux montagnes. Je devais me résoudre à la seule possibilité envisageable : la remonter à contre-courant et avant que la saison sèche n’abaisse trop le niveau de l'eau.

Il me fallait aussi pour cela un partenaire conforme aux 3 C : Court - Costaud - Calme.

Court car le kayak n'est pas très grand et j'en occupe déjà une bonne partie et parce que la tente ultralégère aux dimensions minimalistes achetée pour l'occasion conférerait une promiscuité délicate à deux individus longilignes à l’hétérosexualité notoire ;

Costaud car le courant à affronter exige une bonne condition physique;

 Calme pour apprécier l'environnement de la forêt, garder le silence nécessaire à l'observation et supporter les désagréments éventuels d'une telle expédition.

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                                Jojo était tout désigné.

 

 

 

 

 

 

 

 

Après la fameuse piste qui mène au village d'Ikobey, nous sommes reçu par le chef de regroupement

( chef du village) qui nous autorise l'accès à un petit débarcadère derrière sa case. Aidé des enfants nous transportons le matériel et gonflons le kayak. Bertrand un jeune du village décide de nous accompagner avec sa petite pirogue en bois sur le début du parcours. Nous longeons des plantations de bananiers et croisons quelques pêcheurs avant de quitter définitivement toute trace de " civilisation".

 

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Faire des photos dans un milieu humide comme celui-là, où nous allons plusieurs fois rencontré la pluie ( dont une averse diluvienne de deux heures) est un exercice difficile. Un sac bien étanche est indispensable et nous devrons nous limiter à sortir l’appareil lors de nos bivouacs du midi ou du soir, où quand les circonstances géographiques nous contraindrons à un arrêt forcé.

 

 

 

 

L'eau a déjà beaucoup baissé, parfois le courant est trop fort et nous serons à maintes reprises obligés de progresser en marchant ce qui permet de reposer un peu les pectoraux et de dégourdir les jambes. Exercice qui deviendra plus délicat dans les passages caillouteux après avoir du abandonné une de mes chaussures dans un marécage où je m'étais enfoncé en voulant suivre des traces d'éléphant.

 

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 Le spectacle de la forêt est magnifique, cathédrale végétale s'épanchant et se nourrissant de cette profusion aqueuse. De nombreux rapides et chutes jalonnent notre parcours. Il faut parfois descendre les sacs, grimper les rochers à pied puis porter le kayak avant de le remettre à l'eau plus loin. De nombreux petits bras de rivières s'émancipent sur les côtés aboutissant souvent eux-mêmes à d'autres petites cascades.

 

 

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La baisse du niveau de l'eau dégage aussi en îlots de petits bancs de sables ou de pierres où nous passeront la nuit à l'abri de mammifères mal intentionnés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un héron goliath, le plus grand héron du monde, nous accompagnera à l'aller comme au retour, s'envolant à notre arrivée pour se poser un peu plus loin et recommencer ensuite sa lente escapade.

  

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Un tronc d'arbre couché dans l'eau nous oblige à un nouvel arrêt. En progressant le long de ses branches une forme attire notre attention. Un superbe python prend le frais sur l'une d'elle à peine immergée. Nous cherchons sa tête qui ressort de l'autre coté de l'arbre. Il doit faire entre trois et quatre mètres et les nombreuses histoires qui courent sur l'animal nous encourage à la prudence surtout quand il se déroulera, disparaîssant sous l'eau pour réapparaître caché dans un trou sur la rive.

  

  

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Mais les animaux les plus dangereux et les plus nuisibles dans ce milieu sont sans conteste les insectes: mouches obstinées et piqueuses, abeilles harceleuses qui un soir nous contraindrons à finir notre boîte de couscous sous la tente, fourous matinaux et crépusculaires qui entraînent des démangeaisons tenaces.

 

 

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3ème jour :l'heure du retour a sonné. Nous allons enfin bénéficié du courant contre lequel nous avons lutté pendant tout ce temps.

  

  

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Mais tout à l'euphorie de nous laisser porter par le flux bienfaiteur, nous apprécions mal la vitesse qui nous entraîne vers un tronc émergeant et malgré une manoeuvre de dernière minute le kayak se retourne. Nous récupérons heureusement tout le matériel bien arrimé au bateau. Un peu plus loin, un groupe de singes dans un arbre sur la droite attire mon attention en même temps qu'un craquement sonore dans la forêt sur la gauche (éléphant ?) me distrait. Un gros tronc est couché dans toute sa longueur devant nous et je veux l’accoster pour immobiliser le kayak. Mais le courant est trop fort et le bateau est écrasé puis coincé sous sa masse. Nous nous jetons à l'eau pour tenter de l'extraire de cette mauvaise passe mais peine perdue, il se retourne à nouveau. Nous nous y agrippons pour ne pas le perdre et parvenons à le faire dériver vers un banc de sable. Sauvés!

Mais nous réalisons que nous avons perdu les pagaies !

Le troisième C prend alors toute son importance car sans rames, la situation se complique et le Calme s'impose. Car si le courant nous porte, compte tenu des nombreux obstacles, il vaut mieux pouvoir diriger son embarcation. Nous nous laissons alors dériver en ramant avec nos mains quand cinq cent mètres plus loin nous apercevons coincé dans de nouvelles branches un objet flottant que nous identifions rapidement comme étant une des deux pagaies. Soulagement car une pagaie suffit à diriger correctement un kayak et nous pouvons reprendre une progression nomale et apprécier au mieux le glissement du bateau sur cette onde mouvementée.

 

Dernière nuit sur un banc de sable. Nous ne sommes plus très loin mais l’endroit est joli et nous préférons rejoindre Ikobey de jour.

 Les femmes sont à la lessive au bord de la rivière, les enfants nous accueillent bruyamment et nous aident à nouveau. Bertrand est là qui remarque tout de suite que nous avons perdu une pagaie. Il esquisse un discret sourire. On nous propose une case pour nous changer et après le bonheur de vêtements secs, je me soumets à quelques inévitables consultations. Le chef nous offre le café et tient absolument à nous faire visiter l’hôpital flambant neuf. Il est très beau en effet, il ne reste plus qu’à le meubler, l’équiper, faire venir l’électricité à Ikobey et trouver le personnel qui voudra bien s’installer dans cette sous-préfecture de mille habitants …..

Les gens d’Ikobey sont des gens formidables et même s’il est peu probable qu’ils lisent ces lignes nous les remercions encore pour leur accueil jovial et amical.

Nous emmenons avec nous Bertrand qui veut se rendre à la ville de Fougamou. Après une heure de route, deux jeunes gorilles traverseront la piste à vingt mètres devant nous.

La vision fut fugace mais après deux ans de Gabon, j’apercevais enfin mes deux premiers gorilles.

 

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 11:18

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 Je marchais lentement. Un espace s'ouvrait soudain devant moi se prolongeant par deux chemins opposés. Je m'arrêtai, hésitant sur la destination à prendre quand elle apparut à l'orée de l'un d'eux.

Je l'aperçus le premier et cette vision me figea. Magnifique d'élégance dans sa robe tachetée, elle avançait avec assurance, la démarche ondulante et les épaules sereines de celles qui n'ont pas à douter. Elle releva enfin la tête et me vit, dans mon état stupide d'éblouissement hagard. Son regard se planta dans le mien pendant quelques secondes, interrogateur, intrigué, surpris, inquiet ? Je restai immobile , fasciné, transi d'émotion. Ses yeux balayèrent la scène à l'affût de l’indice révélateur d'une imminence quelconque mais le temps s'était arrêté et rien ne vint troubler la félicité de l'instant. Interloquée, un léger mouvement du cou marqua son hésitation. Je la suppliai mentalement de rester encore un peu mais avec une royale indifférence son corps souple entreprit un demi-tour comme à l'extrémité d'un podium et elle repartit comme elle était venue, silencieuse et mystérieuse, me laissant haletant dans la torpeur d'une fulgurance irréelle. Longtemps je contemplai les fougères derrière lesquelles elle avait disparu.

Je venais de rencontrer une panthère dans la forêt de Waka.

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     D'elle il ne me reste que ces traces que nous avons    suivi longtemps sur cette piste humide. Et le souvenir d'une trop brève mais si belle apparition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Troisième périple à Waka et toujours le même émerveillement, différent à chaque fois, mais avec à chaque fois beaucoup de chance. La première fois ce fut la découverte avec Marcus, je voulais découvrir ce coin vaguement dessiné sur les cartes mais dont personne ne pouvait me parler. Nous nous étions promis d'y retourner avant son départ. Notre grand coordinateur-directeur financier-administrateur-homme à tout faire repart dans son Autriche natale, par la route, comme je l'avais fais pour venir au Gabon. Nous avons donc encore beaucoup de choses à nous raconter. Accompagnés d'Anna, de Christoph et de Kristina nous avons repris le bac à Sindara et prolongé jusqu'à Ikobey. Il ne reste plus ensuite qu'une heure de piste, longeant des villages pygmées cachés dans la brousse pour atteindre Waka, si les ponts de fortune le veulent bien.

 

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La rencontre avec un éléphant de forêt ( missala) est toujours délicate. Surtout à Waka où les sentiers sont étroits, entretenus la plupart du temps par les éléphants eux-mêmes, dans un relief encaissé laissant peu d'échappatoires en cas de charges intempestives. Réputé plus agressifs que leurs congénères des savanes, ils tolèrent mal l'intrusion dans leur espace vital. Par chance à l'orée d'une autre clairière couverte de fougères nous l'avons repéré de loin se régalant de jeunes feuilles. Il disparut dans la végétation pour réapparaître... à trente mètres de nous, nous apercevant alors, hésitant lui aussi pour notre plus grand bonheur sur la marche à suivre. Il prit la pose et nous aussi, un doigt sur le déclencheur, un pied en arrière déjà prêts à une retraite anticipée.

 

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Le touraco géant est le plus grand des touracos au magnifique plumage bleuté qui se contente de planer d'arbres en arbres puis de remonter par petits sauts de branches en branches jusqu'à la cime pour reprendre un nouveau vol.

Il est difficile à observer car craintif, il se dissimule dans le feuillage en cas de présence indésirable. Cette fois encore nous avons pu en observer un couple à la faveur d'un arbre dégarni et d'un ciel dégagé.

 

 

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                      Mais la forêt ne recèle pas toujours que des bonnes surprises. L'oeil doit être aux aguets en permanence dans les airs, sur les côtés mais surtout au sol où l'on détecte les traces d'animaux mais aussi où l'on prend garde de marcher sur un mamba noir ce que j'évitais de justesse.

 

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 Les ponts à l'intérieur du parc étant effondrés, il faut suivre la piste des éléphants et se déchausser parfois pour traverser les cours d'eau. Marcus choisit de descendre celui-ci jusqu'au campement. Pour notre plus grand plaisir il réussit à prendre la photo d’un jeune caïman avant de s'affaler dans la rivière avec tout son équipement photo. Grâce au ciel et à un bon ventilateur il put sécher l'appareil à notre retour et récupérer tout le matériel et les photos.

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                                             La pluie et l'orage menacent.  Il est temps de rentrer

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 22:45

 

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                                         C'est reparti pour une nouvelle année, l'heure est au bilan de l'année écoulée et aux grandes        résolutions pour celle à venir

 

 

 

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                                                                               Le  Gabon a eu cinquante ans.

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Le dernier banc de sable sur l'Ogoué.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  Nouvelle découverte: la rivière Adanhe.

 

 

 

 

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Mes collègues de bureau sont tristes à pleurer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La nature est toujours belle à pleurer

 

( oui je pleure beaucoup).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le paradigme de la pensée de Schweitzer était "le respect de la vie". Il faut le comprendre dans son acception de l'époque et j'ai moi-même nourri le débat au cours de cette année 2010 en le prolongeant d'une interrogation:

"Comment respecter la vie et le coq sous ma fenêtre à l'heure de la sieste ?"

ce qui vous en conviendrez apporte un éclairage complémentaire indispensable à cette démarche philosophique.

 

Et pour nous faire passer dans la joie et la bonne humeur de 2010 à 2011 comme on passe du coq à l'âne, j'agrémenterai ce bestiaire de ces notes prises quelque part entre Bamako et Mopti, Mali, mars 2009.

 

     "  Il y a trois sortes d'animaux: les animaux sauvages, les animaux domestiques, et l'âne.

L'âne est bête.

D'ailleurs ne dit-on pas que c'est une bête.

L'âne est une bête à part car les quelques connexions neuronales de son cerveau s'exercent sur un mode complètement aléatoires et donc tout à fait imprévisibles.

Imaginez une route: au hasard la route qui va de Bamako à Mopti. De nombreux animaux longent ou traversent cette voie mais s'écartent logiquement quand d'un glorieux et péremptoire coup de klaxon vous les prévenez de votre arrivée imminente. Ainsi la chèvre et la vache dont a le tort de mésestimer la valeur du quotient intellectuel ont depuis longtemps admis la prééminence de la race supérieure qu'est l'automobiliste et au premier avertissement attendent avec humilité et déférence que vous soyez passés avant de traverser ou font même demi-tour lorsque s’étant hasardées dans leur démarche, elle s'avisent que le temps qui leur est imparti pour franchir la dite voie sera insuffisant. Belle preuve de civisme devant laquelle bien des piétons vindicatifs devraient méditer.

 

Alors que l'âne !!! ......

 

Planté au bord de la route, stuporeux de suffisance, rien ne vous permet de prédire quelle sera son attitude. Il peut tout aussi bien resté immobile, se décider à traverser à la dernière seconde, avancer d'un pas, reculer de deux à la manière de certains danseurs gominés dont la vacuité du regard  n'a rien à envier à celui de l'équidé susmentionné. La pire des situations est celle ou arrivant bien lancé à la sortie d'un virage, vous vous trouvez face à face avec cette espèce d’ongulé au beau milieu de la route, affichant cet air d'hébétude qui n'est pas sans rappeler celui de mon beau-frère à la fin d’un copieux repas dominical, et que, klaxon à fond, vous ne pouvez compter que sur la miséricorde de la providence pour anticiper sa réaction.

L'âne est l'animal le plus dangereux d'Afrique.

Et le plus stupide aussi ayant même donné son nom à ces excroissances bitumineuses tout aussi dangereuses et imprévisibles nommées "dos d'âne" ou encore "gendarmes couchés" quoique je ne me hasarderais à aucune corrélation entre les deux expressions ayant toujours entretenu d'excellentes relations avec la maréchaussée et souhaitant continuer à bénéficier de sa bienveillance et de sa clémence pendant de nombreuses années encore.

 

A la réflexion, j'ai rencontré ( paix à son âme) un autre animal que la nature dans ses voies mystérieuses et impénétrables a dépourvu de tout sens commun: la poule.

Après avoir évité l'âne, une poule surprise au milieu de la chaussée et soudainement agitée comme un joueur de foot italien simulant un pénalty, s'en fut ailes déployées vers le bas-côté puis, nonobstant toute circonspection qui fait la différence entre l’Homme et l’animateur de jeux télévisés, décida brutalement de faire demi-tour et de tenter l'infiltration entre les deux essieux de mon 4X4 qui bien qu'ayant une garde au sol non négligeable, ne put laisser passer l'incident et chabalisa le volatile qui y laissa des plumes et je crois tout son patrimoine génétique.

Il est d'ailleurs intéressant de constater que cet animal a également laissé son nom à une autre stupide anomalie asphaltique: le nid de poule.

Il n'y a pas de hasard.

J'ai eu aussi des histoires avec des dindes mais je crains que prolonger trop longtemps l'évocation de ma vie privée ne finisse par vous lasser.

 

Enfin vous connaissez tous le hurlement de cet animal ( nous reparlons de l'âne) qui hante encore les nuits de certaines de nos campagnes les plus reculées peuplées de vignerons acariâtres et d'anglais bucoliques, cri qui commence comme un gémissement de primipare anglaise et se termine en spasmes gutturaux dont l'incommodité sonore n'a d'égale que celle d'un singe hurleur en rut ou d'une Lara Fabian amoureuse.

 

 

 

La preuve est donc faite votre Honneur, l'âne est coupable.

 

Tout ça pour vous dire que je suis bien arrivé à Mopti malgré ces rencontres impromptues et qu'il fait ...frais!. Un orage la nuit dernière accompagnée d'une nuit providentielle a rafraîchi l'atmosphère. Il a plu une bonne partie de la journée ce qui est complètement anormal pour la saison, mais tout est détraqué ma pauvre dame. Le port de Mopti est très joli avec ses pinasses et autres petites embarcations, ses populations bigarrées, ses cases Bella sur l'autre rive du fleuve Niger, ses îlots verts où paissent les animaux

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La saison touristique est terminée pour cause théorique d'arrivée des grandes chaleurs mais les guides, vendeurs et harceleurs en tous genres n'ont pas encore déserté la ville qui présente peu d'intérêt par ailleurs.

 

Et Bamako me direz-vous ?

Si si, je vois bien que vous vous le dîtes.

Je vous en parlerai lors de ma prochaine narration des aventures de SAS* à Bamako.

 

Là, je vais aller manger ma soupe."

 

( * Son Arnaud Sérénissime)

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           BONNE

 

           ANNEE !!!

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 19:32

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Je n'aime pas les enfants.

Surtout quand ils hurlent.

Alors pour éviter qu'ils ne pleurent, j'ai toujours été très gentil avec eux. Je ne me précipite pas sur eux, j'attends qu'ils m'aient bien regardé, je leur tends la main, je leur fais des sourires, je leur donne le pavillon de mon stéthoscope pour qu'ils le prennennt en main, voient son innocuité, alors ils s'apaisent, se détendent. Je trouve ça insupportable un enfant qui crie. Les mamans aussi ont toujours trouvé ça rassurant un médecin qui ne fait pas peur à leur enfant. Alors elles n'ont  pas hésité à m'amener le reste de leur progéniture, à en parler à leurs amies.

C'est comme ça que je suis devenu pédiatre.

Par la puissante force des choses. J'ai gagné un concours de circonstances.

Comme si un démineur pacifiste devenait commandant d'artillerie.

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Alors je me suis habitué. Le temps a passé.

Et puis je me suis retrouvé à l'hôpital Schweitzer, cinq mois dans le service de médecine interne puis à nouveau (toujours le même concours) médecin en pédiatrie pendant six mois.

Mais le démineur a finalement pris goût à son métier et du plaisir à désamorcer les explosifs les plus complexes.

 

Désormais depuis le 1er aout je travaille à l'URM ( Unité de Recherche Médicale) intégrée à l'hôpital Schweitzer.dans l'étude RTSS qui pilote la phase 3 d'un vaccin contre le paludisme. 1400 enfants en tout seront vaccinés d'ici six mois ( 800 le sont déjà). Ils faut suivre ces enfants, détecter les éventuels effets secondaires du vaccin mais aussi les prendre en charge intégralement d'un point de vue médical, enregistrer toutes leurs pathologies, faire des gouttes épaisses systématiquement ( test palu) qui permettront à la fin de l'étude de vérifier l'efficacité du vaccin.

 

Makouké est le village central d'une immense plantation de palmiers à huile situé à une bonne trentaine de kilomètres en amont de Lambaréné. Par la route il faut compter le double. Nous devons nous y rendre avec Solange, autre médecin de l'étude, et Rafika une des coordinatrices, pour une enquête dans un village situé à quarante minutes en pirogue à moteur en amont de Makouké. Le village est propre, les habitants aimables après une première attitude réservée sur la raison de notre présence dans un village aussi éloigné. On nous offre un siège dans une des cases. Ceux qui ne sont pas dans leurs plantations ( la saison des pluies va commencer et il faut planter bananes et manioc ) assistent aux palabres. Une maman arrive avec sa petite fille. Celle-ci me regarde d'un air frondeur et apeuré. Peut-être n'a t'elle jamais vu de blanc et elle s'accroche au pagne de sa mère. Fidèle à ma théorie du déminage je tends la main en souriant. Un hurlement strident de terreur me répond et transperce mes tympans à tel point que je fais moi-même un bond en arrière.

Faute de déminage, ce sont des éclats de rire qui emplissent la pièce. Cette petite bombe là m'a donné une bonne leçon d'humilité.

 

 Le Docteur Titus, médecin du centre médical de Makouké m'accueille gentiment le soir chez lui. Une mission des grands épidémies stationne depuis une semaine dans les environs pour évaluer l'incidence de la trypanosomiase ( maladie du sommeil)  à l'aide d'un test rapide dans la région. Nous dinons ensemble le soir et allons ensuite vider quelques bières dans un des bars de la petite ville

 

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Le lendemain matin Titus me dépose au débarcadère. Je gonfle le kayak que j'ai ramené de mon dernier séjour en France j'embarque pour la descente de l'Ogoué jusqu'à Lambaréné. Quelques dizianes de mètres plus loin, je croise un vieux papa avec son gamin à l'avant de sa pirogue en bois. Il rame doucement vers moi. Son visage d'abord fermé, puis étonné, s'illumine soudain en voyant mon embarcation à pagaies et levant le pouce sur un poing fermé, il me dit :

 " c'est bien !" en souriant. Je suis rassuré, la journée ne pourra être que bonne. En ce début de matinée le ciel est encore couvert et m'épargne la brûlure du soleil. Le courant facilite ma progression. Le fleuve est à son niveau le plus bas et partout émergent des bancs de sable, immenses plages repères d'oiseaux nidificateurs et de pêcheurs itinérants. Des grumes ou des troncs entiers s'y sont parfois échoués. Sans bruit de moteur, sans téléphone, sans paroles, je me laisse dériver au fil de l'eau surprenant de temps à autres singes et oiseaux.

 

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Enchevêtrement de lianes, lacis improbables de racines, arbres victorieux, la forêt aux bords du fleuve a été la première exploitée car celui-ci est resté pendant longtemps la seule voie de pénétration du pays et d'évacuation pour les exploitations forestières. Brazza a remonté l'Ogoué, Schweitzer est arrivé par l'Ogoué, le fleuve a drainé grands hommes et pillards, aventuriers rêveurs ou cupides. Mais la nature se bat pour sa survie et imaginera toujours de nouvelles formes de résistance aux prédations qu'on lui inflige.

 

 

 

 

 

 

 

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Dimanche soir suivant, mon téléphone portable sonne. On me demande de venir prêter main forte aux urgences. Un accident s’est produit à Makouké : au retour d’un tournoi de football plus de soixante personnes se sont entassées sur une remorque tirée par un tracteur pour fêter la victoire de leur équipe en faisant le tour du village. Dans un virage un peu serré, la remorque s’est détachée et s’est retournée. Cinq morts, des dizaines de blessés gisent devant les urgences.

 

                                                                                       On s’active.

                                                             La plupart des gens sont silencieux.

 

                                                                                  Il n’y a rien à dire …….

 

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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 19:26

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                                          Yannick mon combi est parti.

                                     Conny sa combinette est partie aussi.

 

 

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                                                                                                                                    Ils sont rentrés en Allemagne finir leurs études.

 

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                                     Ah ça !

 

                          C'est quelle histoire !

 

 

 

 

 

 

          Et les mamans avec leurs petits qui cabinent l'eau l'eau avec parfois le rhume ou le gluant, on dit quoi ?

Et ceux qui ont le corps qui chauffe ou qui pique tchick tchick tchick surtout le soir, hein, ceux qui manquent le sang, ceux qui ont les chassis dans les yeux, on va faire comment d’abord ?

Ah Yannick toi aussi ! paardon.

C'est simple je n'ai même plus l'appétit de manger.

Quand je pense à ceux qui ont la rate° qui a duré depuis ou pire encore le tchogo°°, diagnostic suprëme, source de tous les maux, on dit quoi si maman Conny n'est plus là !

 

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Ah il faut supporter!

L'URM vit toujours mais ne respire plus comme avant depuis qu'on l'a amputé de deux de ses membres.

 

                                                                                                  Ah ça !

 

                                            Le guéguéni et le bomb'afro ont décrété trois jours de deuil national

 

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                       A Isaac, la carpe n'a plus le même goût.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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                          Même la Régab fait moins de bulles et au cap le vin de palme n'a plus la même saveur. 

 

 

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                                                             Docteur, docteur tu as tout compris, toi tu fais tourner l'économie !

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Maman Alice gémit devant ses marmites et au réfectoire Nadia et Marina ont abandonné le coupé-décalé.

Le vendeur de téléphones portables a perdu son meilleur client et le tailleur à Atongowanga sa plus jolie représentante.

                                                   Paardon !

 

                                     C'est quelle histoire ça!

 

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  17 aout 2010

 

Le Gabon a 50 ans.

 

 

 

 

 

 Laissons le avancer.

 

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                                                                  Mais revenez vite pour le faire émerger !

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                                                                             De toutes façons, on est ensemble !

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 21:45

14 juillet 2010.

" Bonne fête de l'indépendance !"

Théo a fait irruption dans le réfectoire à l'heure du midi et  a souhaité de son inimitable élocution et à sa manière une bonne fête nationale à tous les français présents.

Théo est une des figures de l'hôpital, un malade mental comme on dit pudiquement, doux comme un agneau à l'ordinaire mais qui peut s'agiter sans jamais être agressif quand sa piqûre ne lui fait plus d'effet.

Il déambule dans tous les services de l'hôpital pendant la journée, vient saluer les médecins durant leurs consultations en leur offrant une noix de coco, se chamaille avec Pauline, autre pensionnaire des services sociaux de l'hôpital Schweitzer. Ils vivent là depuis depuis….

 

Nous faisons une pause après des kilomètres de piste.

Ninon est arrivée de France depuis huit jours.

Le baï de Langoué où j'espérais voir des gorilles est actuellement fermé. On me l'avait dit.

Il n'y a aucun accès routier pour se rendre dans le parc d'Ivindo. Le seul moyen d'y arriver est le train, le transgabonais qui va jusqu'à Franceville, gare d'Ivindo. Je le savais.

Mais j'ai quand même voulu essayer. Peine perdue, c'est bien fermé et aucune piste, aucun pont, aucun bac ne permet de franchir le fleuve Ivindo.

 

Heureusement il nous reste les chutes de Kongou.

Makokou est la capitale de la province de l'Ogoué-Ivindo, à l'est du pays. Après des heures de piste et deux nuits dans la forêt en bivouac nous nous posons au Belinga palace, l'hôtel de la ville où a lieu ce soir un grand mariage.

Sur une petite table en terrasse à l'écart dans nos habits crasseux et poussiéreux, nous profitons du spectacle des belles toilettes de circonstance et de la remise des cadeaux aux jeunes mariés tandis qu'un téléviseur diffuse le match pour la troisième place de la coupe du monde entre l'Allemagne et l'Uruguay. Nous supportons les allemands ce soir d'abord pour tous nos amis allemands du laboratoire de recherche de l'hôpital et contre l'Uruguay qui a battu scandaleusement le Ghana, dernière équipe africaine encore présente et que tout un continent soutenait avec ferveur.

Ouf, l'Allemagne a gagné.

 

La FIGET gère le parc naturel et les chutes. Nous avons rendez- vous le lendemain.

Au débarcadère du fleuve, une pirogue et nos trois accompagnateurs nous attendent. Nous chargeons nos sacs et les provisions pour deux jours.

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Trois bonnes heures de navigation sont nécessaires pour parvenir aux chutes, but de l'expédition. Mais ce trajet est tout simplement magnifique. Calme et lisse par endroits, laissant se refléter palmiers raphias, palétuviers, rideaux de liane et bouquets de roseaux qui se disputent les faveurs du miroir, tourmenté et tumultueux à d’autres par de vastes étendues de rapides qu’il faut franchir habilement, exposant des sculptures rocheuses et des îlots herbeux d’où émerge miraculeusement un arbre incongru, créant des voûtes végétales surplombant ses bras de rivières, l’eau se pare de milles artifices pour nous éblouir et laisser le temps s’épancher sur une nature éternelle.

 

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                                                                    Eternelle sans la folie de l’homme.IMGP2063

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Au nord de Makokou, dans les monts Belinga a été découvert un gisement de minerai de fer que veulent exploiter les chinois. Comme ils ne dédaignent aucune ressource, ils envisagent de construire un barrage hydro-électrique sur les chutes de Kongou pour alimenter leur usine, une ligne de chemin de fer pour transporter le minerai jusqu’à Libreville et un port à Santa Clara pour l’acheminement par voie maritime jusqu’à leur beau pays où la moitié des rivières sont officiellement considérées comme mortes par la pollution. Malgré l’absence d’études d’impact environnemental, ils ont déjà tracé à travers la forêt une piste de 42 kilomètres qui mène directement aux chutes, rasé une immense clairière pour la construction de logements et même posé des bornes datées d’avril 2008 délimitant le tracé.

Heureusement grâce à la mobilisation d’ONG locales et internationales, le projet est stoppé depuis un an et les chutes continuent d’arroser de leurs nuages de brume la forêt environnante.

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Posé face à cet opéra d’eau, de lumière et de tumulte sonore, j’ai du mal à réaliser que ces plus belles et  majestueuses chutes d’Afrique Centrale ont failli être condamnées ( lire brainforest).

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Un campement sommaire mais confortable nous accueille et Rodrigue nous préparera le soir un délicieux repas de feuilles de manioc et de poisson.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En attendant nous passerons l’après-midi et le lendemain à visiter les différents étages et points de vue des chutes qui s’ébrouent en multiples cascades sur plusieurs centaines de mètres.

 

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                                                                                                                                                                                                                                                 Il nous faut pour cela effectuer différents parcours en forêt qui nous permettrons de surprendre une antilope sur la piste et des singes dans les frondaisons à plusieurs reprises.

 

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Cette forêt est habitée et nous avions déjà pu nous en rendre compte lors de notre trajet en pirogue où, malgré le bruit du moteur, les cris d’une importante troupe de mandrills se chamaillant furent perceptibles pendant un long moment. De bruyantes colonies de perroquets gris nous escortèrent également pendant ces deux jours tandis qu'aigle pêcheur et vautour palmiste tronaient majestueusement sur leur sceptre végétal.

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 Puissent les chutes de Kongou et le fleuve Ivindo écouler le fil des jours pendant des siècles encore jusqu’à ce qu’une tectonique naturelle en modifie le cours et non l’agitation brutale d’hominidés cupides.

 

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A lire : « L’avenir de l’eau » d’Erik Orsenna

Et « La Chinafrique » de Serge Michel et Michel Beuret

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 18:31

                                                                       Vue aérienne de l'hôpital au bord de l'Ogoué

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J'ai fait le pont du 1er mai, enfin entre le 1er mai 2009 et le 1er mai 2010. Venu en escale au cours de mon voyage autour de l'Afrique pour un remplacement de quatre mois à l'hôpital Schweitzer, j'ai passé finalement cinq mois en médecine puis me suis mué pour six mois en pédiatre jusqu'à ce jour.

 

 

         Le village lumière, l'ancienne (et toujours actuelle) léproserie du Dr Schweitzer                                            

 

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     Et voici comment je suis devenu chercheur ............

 

 

L’Unité de Recherches Médicales ( URM)  est un laboratoire de recherches dépendant de l’université de Tubingen en Allemagne. Situé dans l’enceinte de l’hôpital, il participe à plusieurs études portant sur les maladies tropicales, traitements, épidémiologie etc.

Le projet RTSS qui a lieu simultanément dans six pays d’Afrique en est à sa phase 3 c'est-à-dire sa phase de test sur les humains. Ce vaccin devrait protéger les enfants contre les formes graves du paludisme qui tuent encore des milliers d’enfants en Afrique. Ce sont les enfants jusqu’à cinq ans qui en sont les principales victimes.

Pour confirmer l’efficacité du vaccin qui a auparavant subi de nombreux tests de tolérance et d’innocuité, 7OO enfants ont déjà été vaccinés dans la province du moyen-ogoué et une nouvelle phase de 7OO enfants va débuter bientôt. Les essais en phase 3 particulièrement chez les enfants sont encadrés par un comité d’éthique qui supervise et autorise le déroulement de l’étude en suivant des procédures très rigoureuses de recrutement, de consentement éclairé et de suivi médical pendant les trois années de surveillance des enfants vaccinés. Ceux-ci sont convoqués chaque mois pour un examen de contrôle. Chaque évènement pathologique intercurrent est soigneusement relevé et bien sûr traité et pour ceux dont l’état l’exige hospitalisés en pédiatrie.

Ma première fonction sera de prendre en charge ces enfants hospitalisés quelle que soit leur maladie, d’établir un relevé précis de leur état général et de les traiter. Mais aussi de participer au déroulement global de l’étude comme j’ai déjà commencé à le faire en particulier au niveau du recrutement et de l’encadrement.

 

Me voilà donc pour une année encore le plus polyvalent des ouvriers de l’hôpital Schweitzer.

 

HAS 3

 

 

 

 

 

 

Vue du fleuve, la partie historique : l'ancien hôpital et le musée ( ancienne maison du Dr Schweitzer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vous ai déjà beaucoup parlé des animaux sauvages qui motivent mes excursions en brousse. Il me faut rendre justice aux animaux de compagnie qui illuminent de leur présence un quotidien parfois fastidieux.

 

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Ces jolies araignées inoffensives ( pour l'homme, c'est ce qu'on m'a dit) apprécient le lézard-tartare. Elles mettent un brin de fantaisie dans le clair-obscur des murs de ma chambre ou s'amusent à me faire des surprises sur la poignée de la porte quand je rentre à la nuit tombée. Elles sont taquines, c'est pas croyable !

 

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cobra

 

 

 

  Ce cobra tombé d'un arbre juste devant l'entrée de l'URM  a  créé une belle émotion parmi les infirmières qui se sont précipitées dans mes bras virils alors que je passais par là par hasard et dont je perçois encore le souffle frémissant et l'épiderme fébrile comme une risée matinale sur l'Ogoué  Arnaud tu t'énerves, tandis qu'un pauvre jardinier déstructurait courageusement l'extrémité céphalique du reptile newtonien     ( je sais la vie est parfois injuste).

 

 

 

 

 

cochon

 

 

 

 

Monsieur Té n'est plus là. Il était chef technique et est reparti

prendre une retraite méritée dans son Cameroun natal.

 

 

Ses cochons non plus d'ailleurs ne sont plus là, ayant connus la destinée irrémédiable de tous cochons devenus porcs.

 

Notez quand même l'éclat berlusconien du regard.

 

 

 

 

Et enfin la vie à Schweitzer ne serait pas tout à fait ce qu'elle est sans le chant ferroviaire et ubiquitaire des coqs multicolores qui établissent entre eux des scores de nuisance sonore de préférence au pied voir sous certaines habitations qui sous notre climat équatorial bénéficient d'une isolation phonique des plus modérées. J'ai connu plusieurs américains et suisses, pourtant d'une culture tolérante et raisonnée, reniant les valeurs de leur identité nationale se mettre en quête d'armes de destruction massive ou d'autres, l'esprit hagard et bouilonnant comme un puits de pétrole sous-marin, qu'il a fallu apaisé par d'interminables séances de yoga tropical.

 

 

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 11:34

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Deux culs-de-sac évolutifs ont marqué  l'odyssée de l'espèce humaine: l'homme de Neandertal et le belge.

Le belge est migrateur. On le comprend. Si vous croisez par exemple en plein centre de l'Afrique aux abords de l'équateur un colosse vêtu d'un tee-shirt vert et d'un caleçon blanc à rayures marrons, coiffé d'une casquette jaune siglée "fête de l'indépendance" et chaussé d'énormes chaussures de marche en train de faire un jogging vers 14 heures, en plein soleil au beau milieu de la saison la plus chaude de l'année, en émettant un élégant ahanement ferroviaire, au moment où tout honnête citoyen corticalisé vêtu de son seul oreiller laisse s'écouler benoitement du coin de sa commissure labiale un discret filet de bave extatique sous l'influence régénérante d'un ventilateur complice,  ne vous y trompez pas : c'est un belge.

 

Mon ami Daniel est belge.

Il est venu me voir à Lambaréné.

 

Une heure plus tard, émergeant de la brume cotonneuse de rêves tropicaux, je retrouve Daniel allongé sur son lit. Le géant vert a mûri : il est devenu rouge écarlate, carmin, à la limite du blettissement. J'avais bien pourtant tenté de le dissuader de se lancer dans cette apoplectique entreprise mais Daniel, comme toutes les forces de la nature, ne perçoit les limites fonctionnelles de son organisme que lorsqu’il les a dépassées, c'est à dire quand il tombe d'un bloc, vaincu par des lois physiques plus fortes que les siennes.

Donc le belge est migrateur et quelque peu perturbé du neurone. Pour finir de vous en convaincre, je rouvrirai son dossier à l’année 2006 où il emmena sa charmante épouse et ses quatre enfants en voyage autour du monde à bord d’un land-rover pendant deux ans et vous inviterai à consulter les éléments à charge sur son site :
la-vie-est-belle.be ( récit de ce périple fait de rencontres extraordinaires par exemple en juillet 2007 en Tanzanie).

 

Depuis l’expérience à Waka ( cf blog juin 2009) et la découverte dans le camp d’études des gorilles et des chimpanzés de Loango ( janvier 2010) que leurs pisteurs étaient des pygmées de la région de Waka, l’idée avait germé d’y retourner d’abord pour rencontrer les pygmées et éventuellement leur demander de nous guider dans la forêt. Je soumettais alors le projet à Daniel.DSC00154


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                                                                                                                                                                                            Nous nous retrouvons au bac de Sindara le samedi matin et coup de chance il est prêt à partir. Un peu à l’écart deux femmes et un homme gabonais nous abordent. Ils sont là depuis la veille et attendent l’occasion d’un véhicule pour les emmener à Ikobey à deux heures de piste de l’autre côté du fleuve. Très peu de véhicules passent par là et comme ils ont l’air volubile et sympathique, on décide de les emmener. 
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Le but de leur périple est le village de Tranquille que j’avais découvert
lors de ma précédente expédition dans la région, village connu pour
son chef pygmée, Papa Ndo, tradipraticien réputé
( on dit aussi guérisseur, ou charlatan, ou ganga).






Nous comptons profiter de cette opportunité pour nous faire introduire
 au village par nos entremetteurs. Au cours du voyage, elles nous
 apprendront qu’elles viennent de Port-Gentil et cherchent en
réalité à trafiquer un peu d’or avec les pygmées qui puisent l’or
dans les rivières. L’homme qui les accompagne est une sorte
 de garde du corps qui assure leur sécurité.



                                                                                                                                                                                                                                        DSC00132Je retrouve avec plaisir cette piste qui m’avait tant plu l’année dernière, un peu piégeuse avec ses nombreux petits ponts plus ou moins effondrés, ses reliefs et ses bambous, cette sensation permanente d’ouverture provisoire dans le grand rideau de la forêt..

Arrivés au village dans l’après-midi, on les laisse faire les présentations, entamer les premières négociations et la distribution des cadeaux nécessaires.

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Tranquille ne doit certainement pas son nom au hasard. Enfoncé en contrebas de la piste à l’abri des regards, au bord d’une petite rivière et entouré de massifs de jungles inextricables, le village exhale une quiétude primitive, encore peu troublée par le monde extérieur. Quelques tee-shirts et shorts marquent cette intrusion. On nous reçoit dans la case commune, ouverte sur l’extérieur , au milieu de laquelle se consume l’extrémité de quatre grosses branches disposées en croix. Un feu est ainsi disponible en permanence et à l’approche de la nuit la fumée du brasier éloigne les moustiques. L’air est cependant par moments saturé de cette fumée et il nous faut alors retrouver un peu d’oxygène à l’extérieur.
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 On nous propose des petits bancs un peu inadaptés à notre taille mais qui nous conviennent parfaitement. Les enfants nous regardent avec curiosité et un plus grand ( difficile de leur donner un âge et de toute façon ils n’en ont pas, je me suis rapidement rendu compte que la question les mettait mal à l’aise) déambule fièrement avec son maillot de football SYLVAIN WILTORD.
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Le village est constitué de deux rangées de cases en bois et torchis recouverts de feuilles de palme au milieu desquelles s’étend la place du village. Le chef nous a donné l’autorisation de poser la voiture à l’entrée du village où nous passerons la nuit. Le soir gazelle fraîche ( découpée devant nous) et manioc au menu. J’exprime alors mon projet de ballade en forêt accompagné d’un ou deux pisteurs et le chef désigne aussitôt deux garçons, Sylvain Wiltord et un autre Garssi ( dont l’origine du patronyme m’échappe) pour nous guider. Le lendemain, nous reprenons la voiture avec nos deux nouveaux amis et Willy ( « le garde du corps »). Je souhaitais en fait suivre une de leur piste de chasse ou qu’ils nous emmènent dans des coins bien connus d’eux mais je me rends rapidement compte qu’ils nous guident vers le parc de Waka que je connais déjà. Ce n’est pas très grave car le parc est vraiment joli et je pense que cela plaira à Daniel. Je retrouve avec plaisir Rodrigue qui me reconnaît. C’était lui l’année dernière qui nous avait accueillis et emmenés sur une des traces de cet ancien chantier forestier reconverti en parc naturel en 2002. Il va nous préparer le repas du midi pendant notre excursion.

Sylvain prend la tête du groupe mais très vite il se débarrasse de ses grosses baskets presque neuves qui le gênent pour marcher et il préfère continuer pieds nus. Nous allons découvrir très rapidement la différence entre un guide et un pisteur. Le guide a de bonnes connaissances géographiques, il a suivi des cours sur la faune et la flore et dispense des informations souvent très intéressantes sur ces sujets, il est à l’aise dans le milieu dont il a la charge.                                                                                                                                                                
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Le pisteur pygmée naît et vit dans la forêt, il respire la forêt, il chasse dans la forêt, il est la forêt. Qu’une feuille d’un arbre lointain bouge anormalement et il tendra le bras pour vous l’indiquer. Au bout de quelques secondes vous apercevrez alors un singe ou un oiseau camouflé dans le feuillage. Nous avançons depuis une heure. Sylvain marche tranquillement devant moi. Je sais qu’il analyse chaque branche cassée, chaque déplacement dans les feuillages. Il ne s’arrête pas aux nombreuses bouses d’éléphants dont certaines sont très fraîches. Il s’arrête soudain, fait un pas en arrière, se penche et au bout de quelques secondes dit simplement « gorille » en me montrant une vague trace sur le sol sablonneux, trace qui ne ressemble à rien, tout juste un léger déplacement de terre à peine visible dont l’origine me laisse dubitatif. J’acquiesce cependant poliment. Nous continuons et quinze minutes plus tard, même scénario avec cette fois un semblant de trace qui pourrait faire évoquer le pied d’un grand singe, mais avec franchement beaucoup d’imagination aux limites de la croyance ecclésiastique. Je marque quand même mon intérêt pour la chose. Dix minutes plus tard, des crottes inconnues dans mon registre des déjections animales appellent le même commentaire laconique « gorille ». Le petit jeu commence à m’exciter.

Parfois Sylvain s’arrête et tout le monde s’arrête. Sylvain écoute la forêt et chacun regarde Sylvain écouter la forêt. Il ne le fait pas ostensiblement mais j’ai l’impression aussi qu’il hume le vent, qu’il perçoit des odeurs, qu’il lit les feuillages. Il sait. La rivière coule en contrebas. Il examine les traces et s’immobilise à nouveau, les sens en éveil. J’ai rarement ressenti avec tant de force cette cohésion naturelle de l’homme et de la nature.

Nous sommes des nains face à ce petit homme.

 

Nous continuons notre marche. Sylvain s’arrête à nouveau, se retourne vers moi et me désigne le sol.

J’ai compris. Des branchages et des feuilles sont disposés en cercle, jouxtant un magnifique étron. J’aperçois enfin avec émotion mon premier nid de gorille. 
                                                                          
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C'est peut-être un détail pour vous
mais pour moi ça veut dire beaucoup ...........

La vie sociale des gorilles est répartie en groupes reproducteurs dominés par un mâle à dos argenté ou en groupes de jeunes adolescents mâles à dos noir et femelles ayant du quitter le groupe à l’approche de la maturité sexuelle. Des mâles solitaires, jeunes gorilles devenus dos argenté errent également en quête de femelles pour fonder un nouveau groupe. A la tombée du jour, chacun établit un nid de feuilles sur le sol pour passer la nuit. Un dos argenté solitaire a manifestement passé la nuit ici. Et d’après la taille des expulsions digestives, on l’imagine de forte corpulence et de constitution avantageuse.

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  non, ce n'est pas le gorille, c'est Daniel !









Ma persévérance commence à porter ses fruits et c’est le cœur fébrile que nous continuons. Nous longeons toujours la rivière sur notre gauche tandis que le relief est plus escarpé sur la droite. Bientôt une clairière s’ouvre devant nous. Sylvain prospecte les différentes traces qui en émanent, il scrute les fourrés, écoute les arbres. Un touraco s’envole dans les frondaisons. On fait une pause, le soleil est déjà bien haut et je recherche l’ombre bienfaitrice. Les pistes sont multiples.

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On peut classifier schématiquement les gorilles en deux espèces : le gorille des montagnes est présent au Rwanda, en Ouganda et en R.D.C. Les nombreuses guerres dans la région ont menacé son existence et il n’en demeure plus que quelques centaines d’individus. Plus grand, il est aussi plus sédentaire car il trouve sur les pentes des montagnes une nourriture en abondance toute l’année dans un petit périmètre. Certains groupes ont été « habitués » à l’homme et leur observation est ainsi rendue possible car leur habitat est stable.

Le gorille des plaines occupe une bonne partie du Gabon, du Congo et le sud du Cameroun. Leurs ressources alimentaires dépendent de la saisonnalité des pluies et les contraignent à des déplacements plus importants. C’est pourquoi les processus d’habituation sont beaucoup plus difficiles car ils nécessitent des années de patience face à ces groupes migrants. On peut avec de la chance les observer en lisière des forêts-savanes mosaïques ou dans certaines clairières bien connues appelées bai ( bai de Langoué) mais difficilement accessibles.

 

 Les rencontres en forêt sont très rares. Le gorille peut se trouver tapi dans un coin à quelques mètres sans que rien ne décèle sa présence. Je continue à scruter les profondeurs des sous-bois en me remémorant la conduite à tenir en cas de rencontre surprise ou de charge : s’accroupir, éviter de regarder le gorille dans les yeux, faire semblant de manger des feuilles.

Sylvain revient : ça sera tout pour aujourd’hui. Un dernier regard, et on décide de rentrer au campement.

 

Mais je reviendrai.

Et toi ausi Daniel tu reviens quand tu veux, j'ai encore quelques pistes à explorer ........ 

Après une baignade salutaire dans l’eau fraîche de la rivière et un magnifique repas ( riz-sardines) concocté par Rodrigue, nous reprenons la route vers le village. La nuit approche, les fourous sont déjà là. Les fourous sont de minuscules moucherons extrêmement virulents dont les centaines de piqures laissent des impacts rougeâtres très prurigineux sur la peau. Toute zone découverte est immédiatement sujette à une attaque en règle. Les pygmées s’amusent de nous voir harcelés et pestant sous ces assauts incessants. Nous trouverons un peu d’apaisement dans la case commune, intoxiqués par la fumée mais la peau libérée. Une cithare indigène égrènera ses notes accompagnée des chants de nos hôtes.


 

Un dimanche soir, quelque part sous l’équateur …….


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