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30 octobre 2021 6 30 /10 /octobre /2021 15:38

 

Une pluie fine nous a accompagné une bonne partie de la journée hier. En amont de la moukalaba, qui draine un vaste territoire versant , des éclairs signalaient l'arrivée de la saison des pluies.

Quelle ne fut cependant notre surprise au petit matin, les yeux encore embrumés des images de la veille, de constater que la surface de l'îlot sur laquelle nous avions posé notre bivouac s'était considérablement rétréci durant la nuit.

 

 

Heureusement, grâce à notre rigueur légendaire, nous avions pris soin de planter les tentes et de rapatrier les kayaks à l'apex de celui-ci. Sans ces précautions nous aurions été réveillés au beau milieu de la nuit, les matelas baignant dans l'eau et les kayaks dérivant dans le courant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'arbre couché qui obstruait la Mbani affleure désormais à peine et nous pouvons nous y engager. La rivière est étroite. De part et d'autre, les traces d'hippopotames se dispersent dans tous les sens.

Très vite le fond redevient sableux et l'eau peu profonde. La progression devient difficile. Toute manoeuvre de repli en cas d'irruption inopinée d'un de ces mastodontes serait délicate et la seule issue serait la fuite....en courant.

On guette la présence ou des traces de crocodile du Nil, qui abondaient autrefois, parfois visibles sur les plages de sable bordant la rivière.

Ils n'attaquent pas les kayaks.

En principe.

Nous continuons. On est venu pour ça.

La rivière se rétrécit. Notre vigilance s'accroît.

 

 

 

 

 

 

ça devient compliqué d'avancer. Et stressant.

Jusqu'au moment où cela devient vraiment impossible.

Nous sommes contraint de rebrousser courageusement chemin.

Nous retrouvons la Moukalaba. Avec la montée des eaux, le courant s'est accentué et nous dérivons presque sans pagayer. Très rapidement, deux gros ploufs bien sonores nous surprennent. Enfin, un beau spécimen de crocodile d'environ deux mètres cinquante se laisse admirer quelques secondes puis plonge à son tour.

 

 

 

Sur la droite, du côté du parc national, la forêt est moins dense mais nous offrira quand même une dernière rencontre avec les gorilles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D'autres belles rencontres suivront

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Buffles et éléphants venus s'abreuver dans la rivière, tantales, touracos, calaos et singes dans les arbres, rythment notre descente .

 

 

 

 

 

 

 

 

Le paysage change. De nombreuses grottes se cachent dans cette région, depuis Ndende, Lebamba, Tchibanga jusqu'au massif des Monts Doudou. Des gisements de marbre sillonnent également le territoire et d'anciennes carrières sont encore visibles autour de Digoudou.

 

Les rives deviennent falaises de marbre, où minéral et végétal renouvellent leurs improbables élucubrations. Chaque faille est infiltrée, chaque goutte d'eau est exploitée, chaque nutriment est absorbée. Des arcs-boutants se forment, sur lesquels se greffent de plantureuses gargouilles issues de l'incroyable détermination de la Vie à s'épanouir en toute circonstance.

Des racines se fourvoient, des branches se déploient.

La roche se teinte, se lisse et promeut ses courbes séculaires.

Ici la durée n'est pas la même.

On prend son temps.

 

"Comme ses fleurs qui s'accrochent

à des roches qui affleurent.

Sont-ce les branches qui s'effeuillent

ou les feuilles qui se débranchent"

 

 

 

 

 

 

De nombreux îlots s'offrent à nous pour la nuit. Mais l'expérience de la nuit dernière nous conduit à rehausser notre niveau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après une petite escalade et après avoir hissé les kayaks, une savane brûlée nous accueillera pour une nuit paisible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lendemain, nous nous laissons nous dériver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'eau est encore montée pendant la nuit et a ouvert de nombreuses petites criques non navigables auparavant. Elles constituent l'accès privilégié à la rivière pour beaucoup d'animaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au loin une masse sombre surgit de l'une d'elle. C'est bien un éléphant qui se met à l'eau. La rivière s'est beaucoup élargie à cet endroit et si j'ai déjà vu des éléphants s'immerger pour une traversée, je n'en ai jamais vu le faire sur une aussi grande longueur.

Le courant nous rapproche. Nous a t-il vu? Sa trajectoire est rectiligne.

Le tuba de sa trompe émerge régulièrement. Il sait où il va.

Enfin, parvenu de l'autre côté, il s'enfonce rapidement dans la végétation.

Par curiosité, nous nous rapprochons de son point de départ: encore une jolie crique.

 

 

 

 

 

La rivière devient de plus en plus rocailleuse.

Nous avons rejoint la rivière Ganzi, affluent de la Moukalaba, notre étape du soir. On la remonte pour trouver l'emplacement de notre bivouac.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre exploration nous permet de découvrir de nouvelles sculptures naturelles taillées dans la roche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On s'installe sur un promontoire dégagé dans la forêt. Des bouses et de traces d'éléphants jonchent le sol mais semblent assez anciennes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon regard  contemple le paysage.

Belle forêt. Belle rivière.

Olivier fait ses ablutions sur le bord.

Et soudain une grosse tête rose émerge à une vingtaine de mètres derrière lui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je hurle:

- "hippo!!"

- " Hein? Mais non, la bonne blague!"

Il se retourne, l'hippo a plongé.

J'insiste. Incrédule mais quand même méfiant, il se rapproche de la berge.

Puis l'escalade d'un coup lorsque la bête apparaît de nouveau.

 

 

 

 

 

 

 

Au petit matin, après une nouvelle exploration de la rivière tout en scrutant attentivement la surface de l'eau, nous rejoignons la Moukalaba pour rejoindre Digoudou.

Nous y arriverons en fin de matinée.

 

 

 

Le bac est là, que nous avions utilisé il y a une dizaine d'années pour rejoindre la Mbani par la piste.

 

Notre deuxième périple sur la Moukalaba s'achève ici.

La suite de notre projet initial de Guietsou à Mayonami est beaucoup plus compliquée.

On verra.

Mais que ce tronçon là fut somptueux.

 

 

A bientôt

 

 

 

 

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